Points de vue sur l'actualitéQuelle croissance souhaitons-nous ?Le président de la CFTC a répondu aux questions de la rédaction de l'hebdomadaire économique Le Nouvel Économiste autour du thème Quel sacrifices pour relancer la croissance ? La réponse de Jacques Voisin dans son intégralité. " Je ne pense pas que la question doive se poser en ces termes. D'abord, parce qu'il y a trop longtemps que les travailleurs consentent à des sacrifices sans que pour autant la croissance soit au rendez-vous : délocalisation, chômage, stagnation des salaires, dégradation des conditions de travail... Je ne pense pas que ce soit à eux de consentir de nouveaux sacrifices. Si on allait voir plutôt du côté des fonds de pensions qui en demandent toujours plus au détriment des salariés, de la recherche-développement, et des investissements productifs. Ensuite, parce qu'il faut en finir avec le dolorisme et le malthusianisme économiques, selon lesquels le bonheur, c'est toujours pour demain ; que le bonheur n'est accessible qu'après avoir souffert ; que le bonheur n'est pas de ce monde. J'ai la faiblesse de penser le contraire : parce que, selon moi, le bonheur doit être accessible ici et maintenant, croissance et sacrifices sont donc deux termes antinomiques. La croissance ne se conçoit pas sans progrès économique, sans développement de la personne et sans respect de la dignité de l'homme. Enfin, parce qu'il me paraît plus intéressant de s'interroger sur le type de croissance que nous souhaitons. Aujourd'hui, la croissance est uniquement envisagée sous l'angle de l'avoir : produire et consommer plus. Une approche nécessaire dans des sociétés en développement, où une part importante de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, où les besoins de première nécessité ne sont pas satisfaits, mais qui, à terme, accentue les inégalités sociales, et nuit à l'environnement. Pour toutes ces raisons, la CFTC propose un développement intégral qui allie la dimension économique, sociale et écologique de la croissance. " |