Points de vue sur l'actualité

Pour des salariés en toutes lettres

Une étude de l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) estime que les lacunes d'écriture, de lecture et de calcul touchent aussi bien les salariés que les personnes défavorisées ou issues de l'immigration. Plus de 1,8 million de travailleurs sont concernés, soit plus de la moitié des trois millions de personnes en situation d'illettrisme en France. L OCDE, qui a été chargée d'évaluer l'importance de ce fléau dans le monde, donne cette définition de l'illettrisme : " un illettré est un adulte incapable de lire et de comprendre un texte d'usage courant de vingt-cinq lignes et d'en faire un résumé de cinq lignes." Il reste qu'évaluer le nombre de personnes illettrées se révèle très difficile et peut varier selon les sources. Pour l'lnsee, 7 % des adultes de 18 à 65 ans " éprouvent de graves difficultés face à l'écrit " et 5 % " des difficultés suffisamment fortes pour rendre difficile une communication efficace par l'écrit ". L'ANLCI souligne qu'il y a plusieurs sortes d'illettrisme. Comme beaucoup de thèmes liés à la souffrance au travail, la priorité est de briser le tabou. Le sujet doit être davantage abordé au sein des entreprises qui ont désormais plus d'outils pour diagnostiquer les lacunes et plus de fonds pour la formation professionnelle. C'est en effet aux sociétés de repérer les difficultés de leurs employés, paralysés par la honte, quand ils sont illettrés. " Beaucoup passent leur temps à dissimuler leur problème, d'autant qu'ils sont souvent complexés d'avoir perdu les fondamentaux appris à l'école ", explique-t-on à l'ANLCI. Les délégués syndicaux doivent quant à eux développer un rôle d'alerte et de médiation pour permettre aux salariés illettrés de se former aux savoirs de base.