Points de vue sur l'actualité

Dernière chance avant l'austérité ?

La crise boursière vient nous rappeler que la croissance est plus fragile que jamais et que le gouvernement a pris des risques avec son plan de soutien. Plan qui coûte très cher : une bonne quinzaine de milliards d'euros. Son financement repose donc sur une hypothèse de 2,25 % de hausse du PIB cette année et 2,5% en 2008. Le Premier ministre juge ces chiffres "atteignables". Mais la ministre de l'Économie s'est montrée sceptique, comme la plupart des économistes. Il faut dire que le second semestre a été décevant. Nous voilà donc face à un véritable pari. Le gouvernement s'appuie sur le " moral des entreprises " et sur la consommation des ménages. Mais cette dernière tire déjà la croissance à plus de 60%. Le Premier ministre réunit cette semaine les responsables des banques, qui, selon lui, " ne doivent prendre aucune mesure de durcissement du crédit" face à la crise financière internationale. Les banques indiquent que les ménages français sont globalement moins endettés que leurs voisins de la zone euro. Reste à savoir si ménages et entreprises sortiront indemnes de la tempête que traversent les marchés financiers. La tâche du gouvernement pour soutenir la croissance est devenue bien compliquée. Le refus du Conseil constitutionnel de valider la rétroactivité des avantages fiscaux sur les intérêts d'emprunts immobilier n'a pas participé à développer la confiance. Le projet de budget, fin septembre, devrait à la fois comporter des mesures de soutien de l'économie, intégrer les promesses fiscales du chef de l'État et tenir compte de ses engagements européens de maîtrise des déficits, qui peuvent d'autant plus déraper si l'activité économique s'affaiblit. L'avenir du " paquet fiscal " semble donc se jouer au second semestre. Il est indispensable que le PIB rebondisse fortement aux troisième et quatrième trimestres. Sinon, on peut craindre des mesures d'austérité courant 2008. Ce qui ne favoriserait pas du tout la croissance.