Points de vue sur l'actualité

Surchauffe spéculative : histoire d'une contagion planétaire

Le scénario de la crise financière que les bourses mondiales ont traversé à la mi-août est classique. Explication. Tout commence au début des années 2000 aux Etats-Unis. Après l'éclatement de la bulle Internet, la banque centrale américaine (FED) baisse progressivement son taux d'intérêt directeur, lequel atteint 1% en 2004. Objectif : soutenir l'activité économique et éviter la récession. Les banques proposent alors des prêts hypothécaires à taux très bas, mais variables. Les ménages les plus défavorisés en profitent pour acquérir leur logement, créant ainsi une bulle spéculative dans l'immobilier. Mais, avec la remontée des taux au cours des années suivantes, ces ménages se trouvent rapidement dans l'incapacité de rembourser leurs mensualités. Il s'en ensuit des dépôts de bilan des banques qui se sont spécialisées dans ce type de produits et, comme elles avaient transféré une partie du risque financier aux investisseurs professionnels (fonds spéculatifs, Sicav...), la crise se propage aux marchés financiers : les spéculateurs cherchant à récupérer une mise que ces professionnels sont à leur tour incapables de leur rendre. D'où les interventions de la FED et de la Banque centrale européenne (BCE) les 16 et 17 août dernier pour injecter des liquidités dans l'économie afin d'empêcher les faillites en cascade et mettre fin - momentanément ? - à cette crise qui a révélé le rôle pervers des agences de notation à la fois juge et partie, le manque de transparence des marchés financiers et l'absence de responsables. " II aura fallu une crise pour éveiller les décideurs aux dangers engendrés par la formidable croissance récente des fonds spéculatifs et des " marchés dérivés ", s'insurge la Confédération européenne des syndicats (CES) dans un communiqué. Les citoyens du monde réclament plus de transparence. Le village planétaire n'est pas un casino !

C'est dit : Depuis un an, les syndicats attirent l'attention sur les risques liés aux activités des fonds spéculatifs et sur le fait que personne ne sait vraiment qui est responsable de quoi ou ne connaît les vraies responsabilités de l'économie de casino actuelle. La CES juge également insuffisante l'intervention de la BCE : " il faudra en faire plus (...) et étudier le rôle joué par les agences de notation, la participation des banques aux fonds spéculatifs et aux marchés de crédit, le manque de réglementation effective ".