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Discrimination : il n'y a pas de " BBR " qui tienne

La Cour d'appel de Paris a condamné, le 6 juillet, les laboratoires Garnier, Adecco et sa filiale Districom-Ajilon (ainsi que sa directrice générale) pour avoir, courant 2000, subordonné à une condition discriminatoire un recrutement.

L'Ugica-CFTC s'était élevée contre le jugement de première instance du tribunal correctionnel de Paris, qui avait le 1er juin 2006 relaxé les prévenus. L'association SOS Racisme, partie civile au procès, avait fait appel. Les laboratoires Garnier recherchaient des animatrices intérimaires pour faire la promotion d'un nouveau produit et aurait mentionné à Districom des critères de recrutement discriminatoires, qu'aurait relayés sa directrice. La Cour justifie notamment sa condamnation en relevant que Garnier avait fait savoir " ne pas souhaiter d'animatrice typée " et que la directrice de Districom avait adressé une télécopie discriminatoire à Adecco. En défense - ce qui n'a absolument pas convaincues magistrats - elle reconnaissait avoir fait figurer la mention " BBR" (bleu, blanc, rouge) mais expliquait que son utilisation ne signifiait que la nécessité de bien parler le français... La Cour a donc condamné lourdement les trois personnes morales à 30 000 euros de dommages et intérêts et à trois mois d'emprisonnement avec sursis pour la personne physique (la directrice de Districom-Ajilon). SOS Racisme recevra aussi 30 000 euros et la décision sera publiée dans deux organes de presse choisis par l'association. Garnier se pourvoit en cassation et Adecco y réfléchit. A lire le dossier du magazine de l'Ugica-CFTC Cadres CFTC du second trimestre 2007 consacré à ce sujet.