Points de vue sur l'actualité

Des emplois sans croissance

Même si des chiffres indiscutables manquent toujours, depuis quelques mois le taux de chômage diminue très sensiblement. Mais, parallèlement, la croissance en France - proche de 2% - n'est vraiment pas au rendez-vous. La conclusion est sans appel et confirmée par les chiffres de l'Agen ce centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss). La caisse nationale de la branche du recouvrement du régime général de la Sécurité sociale indique que si l'emploi a retrouvé le chemin de la croissance depuis 2004, la progression des effectifs salariés est beaucoup plus modeste qu'à la fin des années 1990, époque de forte croissance économique (supérieure à 3 %). L'emploi salarié a connu une progression moyenne de 1% en 2006 (+ 0,6% en 2005, + 0,3% en 2004) alors que la France enregistrait une croissance de l'emploi de 3,3% de 1997 à 2001. Sur 2,6 millions d'emplois créés entre 1997 et 2006, 2,1 millions l'ont été avant 2001 ! Sans surprise, le détail par secteur montre que sur dix ans, la tertiarisation et la désindustrialisation de l'emploi se sont poursuivies. L'industrie a ainsi perdu 240 000 emplois, alors que la construction en a créé 270 000 Autre confirmation : le boom de l'intérim au-delà du raisonnable : " son développement sans précédent traduit une profonde modification du recours à ce type de contrat, qui va désormais bien au-delà des fluctuations économiques ", traduit l'Acoss. De 1997 à 2006, l'emploi intérimaire a augmenté de plus de 80 %. L'Acoss précise que l'intérim semble désormais occuper un rôle plus important dans la gestion globale de la main d'œuvre interne ou externe à l'entreprise, avec un essor dans les centres d'appel, la sécurité ou le nettoyage. La croissance française est donc pauvre en création d'emplois, mais dynamique dans sa précarisation.