Points de vue sur l'actualité

Les multinationales plombent le droit du travail

En pleine crise financière, la polémique sur les jouets dangereux exportés par la Chine est là pour nous rappeler que l'économie-monde souffre d'une insuffisante régulation. Dix-huit millions de jouets fabriqués pour le groupe américain Mattel viennent d'être rappelés, en plus du million début août de la marque Fisher-Price (Mattel), et d'un million et demi de trains en bois en juillet(*). Une trop grande quantité de plomb dans la peinture est notamment mise en cause. Si on en croit les communiqués officiels, le géant du jouet se défausse sur son sous-traitant chinois, l'accusant d'avoir lui-même... sous-traité. Ça sent la cascade qui déresponsabilise et rend coupables des exécutants ! Car il ne faut pas retenir dans cette affaire que la Chine fabrique mal. C'est bien l'organisation des compagnies internationales qui est en cause. Et le manque de respect pour le travail et sa législation. L'ONG américaine China Labour Watch a publié la semaine dernière les résultats d'une enquête dans huit usines produisant pour des groupes tels que Disney, Hasbro et Fox. Elle dénonce la violation " des lois chinoises sur les contrats de travail" (NDLR : ces lois n'étant pas très contraignantes cela constitue un véritable exploit !), obligeant les salariés à travailler trop et " dans un environnement dangereux ". Les ouvriers n'ont ni couverture sociale ni plan de retraite et certaines usines emploient des enfants de moins de 16 ans. En somme, " la faible qualité des jouets est le résultat de la poursuite à tout crin de la recherche du prix le plus bas par les multinationales au mépris de toute autre considération ", conclut le rapport qui dénonce " des politiques à courte vue conduisant des entreprises à rester aveugle devant la sécurité ". La Commission européenne a lancé un appel à la vigilance aux fabricants de jouets et aux organismes contrôlant leur sécurité. De leur coté, la Confédération des syndicats de travailleurs de Hong Kong (HKCTU) et la Fédération des travailleurs chinois (CFL, basée à Taïwan) n'ont pas encore réagi.