Points de vue sur l'actualité

CNE : la sagesse l'a emporté

On peut une nouvelle fois s'interroger sur la méthode qui consiste à imposer des réformes sans tenir compte de l'avis des partenaires sociaux.

Après les manifestations d'étudiants et de salariés qui ont conduit, en avril 2006, au retrait du contrat première embauche (CPE) ; après l'annulation, le 6 juillet, par le Conseil d'État d'une ordonnance d'août 2005 excluant les salariés de moins de 26 ans du calcul des effectifs de l'entreprise ; après le jugement, toujours le 6 juillet, de la cour d'Appel de Paris déclarant le contrat nouvelles embauches (CNE) contraire à la convention n°158 de l'Organisation internationale du travail, on peut une nouvelle fois s'interroger sur la méthode qui consiste à imposer des réformes sans tenir compte de l'avis des partenaires sociaux. Tout, dans le CNE, n'était pas forcément négatif : ni la volonté de créer des emplois, qui a présidé à son élaboration, ni même l'allongement de la période d'essai : une durée de six mois aurait été compréhensible, mais pas deux ans. La possibilité offerte aux entreprises de licencier sans avoir à motiver leur décision était et demeure en revanche insupportable. On ne peut pas construire une société viable socialement et économiquement sur la précarité, notamment celle des jeunes. Cela étant, Dominique de Villepin, même s'il apportait une mauvaise réponse, soulevait une bonne question : celle de la rupture du contrat qui lie un salarié à son entreprise. Le Medef parle de " séparabilité " pour évoquer ce qui revient le plus souvent à un licenciement pur et simple. A la CFTC, nous préférons parler de " mobilité voulue et/ou accompagnée" des salariés quelle que soit la raison de la rupture : licenciement ou volonté d'évoluer dans sa vie professionnelle. C'est dans cet état d'esprit et avec la volonté de faire partager cette idée à nos partenaires que nous abordons la négociation sur le marché du travail. Je souhaite que le gouvernement actuel, qui semble avoir tiré les leçons des échecs passés, donne à la négociation toutes ses chances en lui laissant le temps d'aboutir à un accord satisfaisant pour toutes les parties. Nous le devons à tous les salariés et plus particulièrement aux plus jeunes.