Points de vue sur l'actualitéA l'Est, juste une nouvelle ligne" Fastes et illuminations étaient au rendez-vous le 15 mars dernier pour honorer ce " symbole de la politique d'aménagement du territoire, réussite industrielle majeure ", selon Jacques Chirac. Mais seuls les initiés avaient compris qu'il s'agissait bien là de l'inauguration d'une ligne et non du train TGV-Est Européen. Un total fiasco et ce jusqu'au point d'orgue du spectacle pyrotechnique qui s'est résumé en quelques images de synthèse sur un écran. Mais la guigne ne semble pas lâcher le dernier né des TGV. Elle a pris, le 9 juin dernier, la forme d'un discours pour le moins ambigu, voire parfois provocateur. " Des progrès restent encore à accomplir " dans le domaine du fret et des trajets domicile-travail, " l'amélioration de certains services ne doit pas se faire au détriment des autres ", a martelé le Premier ministre. Le profane en oublierait presque que les trajets domicile-travail relèvent d'autorités organisatrices dont la SNCF n'est que le client. Que si les rames sont parfois vieilles et peu fiables, c'est parce que certaines autorités politiques ont négligé les investissements, et que si problèmes d'infrastructure il y a, ils ne sont plus de la responsabilité exclusive de la SNCF Quant à la situation du fret, le discours frise l'indécence. Qui a soutenu une réglementation européenne qui place le fret SNCF en situation de déclin, face à une concurrence intramodale agressive venant s'ajouter à une concurrence intermodale déjà difficile ? Le TGV-Est est un formidable outil de rassemblement des peuples, mais force est de constater que sa mise en service intervient sur fond d'éclatement du système ferroviaire qui lui a donné naissance. Jamais une telle prouesse technologique n'aurait pu voir le jour dans l'environnement économique, politique et organisationnel d'aujourd'hui, et moins encore dans celui de demain. " (Billet de Bernard Aubin). |