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Jalatte : une pierre dans la chaussure

Quel est le point commun entre les communes de Saint-Hippolyte-du-Fort et d'Alès dans le Gard ? Chacune abritait une usine qui fabriquait des chaussures de sécurité pour la marque française Jallatte. Tout est à l'imparfait puisque le groupe JAL, qui contrôle le numéro un européen dans ce domaine, a décidé de délocaliser sa production en Tunisie. Deux autres sites, dans le Puy-de-Dôme et en Moselle, seraient concernés. L'annonce a été faite en comité d'entreprise le 31 mai : 285 emplois sur 336 seront supprimés. Selon Nicolas Montanaro, délégué syndical CFTC, " seuls quelques commerciaux seront conservés. La direction met en cause des pertes importantes, mais c'est faux, le carnet de commande est plein ; il a même augmenté de 16% cette année. Ce n'est pas Jallatte qui va mal, c'est le groupe JAL. La branche italienne qui fait du bas de gamme est très concurrencée par la Chine. Pas nous." En 2003, l'entreprise se fait racheter par un fonds d'investissement anglo-saxon en même temps que son concurrent italien Almar. JAL naît. Deux ans plus tard, JAL est revendu à des banques américaines. " Ce ne sont pas des industriels, mais des financiers. Ils veulent juste garder la marque sans ses salariés ", dénonce le délégué CFTC. La décision de la direction est le résultat d'une lente descente aux enfers commencée en 2000 par les premières fermetures. " Nous sommes les derniers sites européens de production ; tout est en Tunisie ", rappelle, amer, Nicolas Montanaro. Après Well et Eminence, le Gard voit son tissu industriel textile s'effilocher. Le comité d'entreprise doit se réunir le 25 juin. La CFTC reste mobilisée.