Points de vue sur l'actualité

Pas de consigne de vote, mais des idées au débat de l'entre-deux tours

La très forte participation (85%) du premier tour de l'élection présidentielle, le 22 avril, est le signe que les Français ont voulu prendre leur destin en main. Après la déconvenue de 2002, la CFTC ne peut que s'en réjouir.

Cette participation est également le signe que les Français attendent des réponses à leurs préoccupations en termes de salaires et de pouvoir d'achat, d'emploi, de conditions de travail, de protection sociale et de santé. Le travail, au cœur de cette campagne, est certes nécessaire à l'économie, mais il doit être créateur de sens, d'identité et de cohésion sociale, autant que de richesses. La CFTC a appelé, à la veille du second tour (6 mai), Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal à passer des promesses électorales à la définition d'un projet de société. Fidèle à son principe d'indépendance vis à vis des partis politiques, la CFTC ne donnera pas de consignes de vote, mais ne s'interdira de réagir aux propositions des candidats afin d'éclairer le débat public, et émet plusieurs exigences. La CFTC souhaite une relance de la politique salariale, et non la mise en place de revenus de substitution, la défiscalisation des heures supplémentaires ou l'allongement de la durée du travail. Elle exige la mise en place d'une sécurisation de l'ensemble des parcours de vie et d'une progression des carrières tout au long de la vie, conformément à son projet de Statut du travailleur, qui va au-delà de la simple sécurité sociale professionnelle. Le dialogue social et la démocratie sociale doivent être des principes suivis et respectés par les candidats, notamment en se donnant le temps d'une vraie négociation tripartite pour toute décision concernant l'emploi, le pouvoir d'achat, les retraites, la protection sociale, le respect des temps de vie (professionnel, familial, associative) et la représentativité...

Pluralisme syndical : tirons les leçons des élections

Le premier tour de l'élection présidentielle a montré aussi l'intérêt que les Français portaient au-delà, à la démocratie et au pluralisme. Tous les candidats et les hommes politiques, tous les éditorialistes, toutes les organisations syndicales et patronales s'en sont félicités. Or, aujourd'hui, ce sont les mêmes politiques, les mêmes éditorialistes, les mêmes dirigeants patronaux et syndicaux qui refusent au mouvement syndical cette pluralité. Comment ne pas s'en étonner ? Tout récemment encore, après le gouvernement - qui souhaite fonder la représentativité sur l'audience aux élections professionnelles - le Medef a enfoncé le clou. Laurence Parisot a proposé, lors de sa conférence de presse mensuelle le 18 avril, de fixer à 12,5% du vote des salariés le seuil qui fonderait la représentativité des organisations syndicales, ce qui aurait pour effet de réduire le nombre des organisations syndicales représentatives. Pour la CFTC, il s'agit d'une fausse bonne idée : sous couvert de vouloir " renforcer le syndicalisme ", cette réforme, si elle voit le jour, aura pour effet d'affaiblir la négociation sociale, de précipiter le recul des droits des salariés sans contrepartie. Pourquoi ? Parce qu'une grande partie des très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) n'ont pas de délégués syndicaux pour négocier à leur niveau, alors qu'elles représentent plus de 90% du tissu entrepreneurial. Que le Medef s'applique à lui-même le seuil de représentativité qu'il propose pour les organisations syndicales ! Le futur gouvernement aura donc la charge de faire avancer cette réforme. La CFTC mettra tout en œuvre pour faire valoir ses arguments.

Les réponses de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy au questionnaire de la CFTC sur www.cftc.fr