Point de vue sur l'actualité

La vie chère a un prix en euro

Les prix ont-ils augmenté avec le passage à l'euro ? Réponse : oui, si l'on pose la question à monsieur Tout le monde, non, si la question s'adresse à madame Insee. Qui croire ? Le ressenti des consommateurs ou les experts qui fondent leurs indices sur des données statistiques scientifiquement éprouvées. Un petit livre (de cent pages) vient de paraître qui met un terme - momentanément ?- à la polémique. Après avoir analysé l'évolution des prix de cent produits de base (une baguette de pain, un kilo de pommes, un café au comptoir, une place de cinéma, un tube de dentifrice, un ticket de métro, un plein d'essence, un malabar ou encore un Big Mac !) entre 2001 et 2006, l'auteur, le sociologue Jean Viard - directeur de recherches au CNRS et au Centre d'étude de la vie politique française (Cevipof) - conclut que les commerçants ont abusé du passage à l'euro pour augmenter - parfois considérablement - leurs prix : ainsi le kilo de pommes a-t-il fait un bond de + 132,8 %, le dentifrice, de + 84% et la baguette, de + 23%. Question récurrente : pourquoi cette augmentation n'apparaît-elle pas dans l'indice Insee censé mesurer l'inflation, très faible au demeurant ? Parce que cet indice, par ailleurs irréprochable, additionne des carottes (des produits de consommation quotidiens) et des navets (des biens d'équipement, comme les téléviseurs à écran plat, les ordinateurs... dont les prix baissent, mais que l'on n'achète pas tous les jours), puis établit une moyenne qui ne veut strictement rien dire. CQFD ! Et l'auteur d'inviter, en conclusion, chaque consommateur à élaborer son propre indice des prix.

Du franc à l'euro, la vérité sur les prix, Sous la direction de Jean Viard, coédité par les Editions de L'Aube et France Info.