Point de vue sur l'actualité

Performance versus flexibilité

Le Centre d'études de l'emploi (CEE) et la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) se sont penchés sur le recours aux différents contrats de travail par les entreprises (1). La crise économique et la mondialisation sont-elles responsables d'une recherche croissante de flexibilité, comme le plaide de manière récurrente le patronat ? En France, entre 1983 et 1998, le nombre d'intérimaires et de salariés en contrats à durée déterminée (CDD) a été multiplié par trois. Le nombre de contrats à durée indéterminée (CDI) est resté à peu près stable, malgré la montée du chômage. Le recours au travail précaire que révèlent ces chiffres s'explique par le besoin d'évoluer au rythme des avancées technologiques, et par le développement des PME - notamment dans le secteur tertiaire - qui ont besoin de souplesse. Le tout dans un contexte de forte concurrence sur les prix. " Les entreprises ont besoin de flexibilité interne et/ou externe pour s'adapter aux fluctuations économiques afin de garder ou d'accroître leurs parts de marché. Les contrats flexibles permettent l'ajustement aux variations de court terme de l'activité, écrivent les auteurs de l'étude qui concluent qu'il ne semble pas y avoir de lien entre la performance des entreprises et l'utilisation des contrats courts : les indicateurs de performance économique ne semblent pas jouer de rôle significatif dans le recours au travail flexible. " Un argumentaire qui plaide en faveur d'une meilleure responsabilité sociale des entreprises. Le Statut du travailleur de la CFTC propose justement afin de limiter le recours aux contrats précaires de moduler les cotisations chômage des employeurs en fonction de la nature du contrat de travail des salariés).

(1) CEE, Documents de travail n°79, Hétérogénéité des contrats de travail et performance des entreprises en France, Une étude empirique entre 1996 et 2001