Points de vue sur l'actualitéA chacun son chariotTout indice, quelle que soit sa qualité, ne restera qu'un gadget, s'il ne vient pas en complément d'une véritable politique salariale. Nous avons, à la CFTC, suffisamment réclamé la création d'un indice des prix qui permette de mieux refléter l'évolution du coût de la vie pour faire la fine bouche devant l'initiative prise en ce début de semaine. L'Insee vient, en effet, de mettre en ligne un outil qui permet à chaque ménage de personnaliser l'indice de prix à la consommation. Passons sur les aspects techniques pour revenir sur les circonstances de son élaboration. En août dernier, alors que les prix du pétrole volent de record en record, les salariés s'inquiètent de voir leur pouvoir d'achat diminuer. Ils ont le sentiment que leurs salaires stagnent alors que les prix des produits de première nécessité ne cessent, eux, d'augmenter. La CFTC demande la création d'un chèque transport et la mise en place d'une véritable politique salariale. Neuf mois plus tard, si le chèque transport a vu le jour, le gouvernement a seulement organisé, en décembre dernier, une conférence sur l'emploi et les revenus, dont il n'est rien sorti ! Pour calmer le jeu, l'Insee sort, aujourd'hui, un instrument de mesure du coût de la vie. Mais, tout indice, quelle que soit sa qualité, ne restera qu'un gadget, s'il ne vient pas en complément d'une véritable politique salariale. Car les salariés ne s'y sont pas trompés : il existe vraiment un problème de partage des fruits de la croissance. Ils ne sont plus les seuls à le dire. Réunis à Bruxelles le 27 février dernier, les ministres des Finances des Vingt-sept pays de l'Union européenne l'ont reconnu : alors que les entreprises engrangent les bénéfices, et les actionnaires, les dividendes, alors que l'inflation reste stable, les salaires stagnent. Mais il n'est pas question pour autant de les augmenter. En revanche, les Vingt-sept sont tous d'accord pour trouver des solutions de rechange : l'intéressement et la participation. C'est bien, mais cela reste un pis allé. Un partage équitable des fruits de la croissance entre l'entreprise, les actionnaires et les salariés est une question de justice sociale ! |