Points de vue sur l'actualité

Conférence sur la croissance : pas de croissance forte sans politique salariale

Le Premier ministre a réuni, le 6 mars dernier, une conférence à Bercy afin de mieux comprendre l'écart structurel de croissance qui sépare la France des autres pays européens (où cette croissance dépasse les 3%) en vue de le réduire conformément avec les objectifs de Lisbonne. Experts et partenaires sociaux, dont la CFTC, participaient à cette conférence, la dernière d'un triptyque qui a abordé l'emploi et les revenus en décembre 2006, et les finances publiques en février dernier. Pour la CFTC, la politique salariale constitue l'élément central de la croissance économique dans notre pays. Près des deux-tiers des emplois français dépendant directement de la consommation intérieure, le salaire reste le moteur d'une forte croissance, or entre mai 1988 et mai 1998, la productivité a progressé de 26%. Le pouvoir d'achat des salariés à structure constante n'a augmenté que de 1,6% dans les entreprises du secteur marchand. Une étude de la Dares de 2001 confirme que le coût du travail n'est pas un frein à la croissance : " le mouvement de baisse des cotisations sur les bas salaires a ramené le coût du travail au niveau du Smic, à sa valeur de 1970 ". Cette baisse du coût du travail est l'une des plus fortes observées dans l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La politique d'exonération des cotisations est une trappe à bas salaires : en témoigne l'augmentation de 1,1 million du nombre des emplois au dessous du seuil de 1,3 Smic en dix ans. Sur cette même période, le nombre de salariés à temps partiel imposé a crû de 70 %. Jean Gandois, président du CNPF (ex-Medef) le reconnaissait lorsqu'il déclarait, en 1996, " Je suis d'accord pour réduire considérablement les aides à l'emploi parce que j'estime que beaucoup d'entre elles sont inutiles. Un certain nombre de réduction de charges globales ne servent à rien ". Dans le même temps, nous assistons à une baisse massive de la part des salaires dans la valeur ajoutée (près de dix points au cours des vingt-cinq dernières années). Si cette politique salariale dynamique que demande la CFTC n'est pas la seule mesure permettant de parvenir à une croissance stable et durable, elle en est l'axe majeur et devrait être accompagnée par une véritable politique industrielle irriguée par un important effort en matière de recherche et développement.

Communiqué de presse du 6 mars 2007

En perspective :Cinquante ans après la signature du traité de Rome, il est essentiel que l'Europe développe et coordonne ses efforts pour atteindre les objectifs de plein emploi et de l'Europe de la connaissance telle que les définit la stratégie de Lisbonne.