Points de vue sur l'actualité

Porcher : fonte de l'emploi dans les Ardennes

Un battement d'aile d'un papillon au Japon peut déclencher une tempête aux Etats-Unis. Et une signature aux Etats-Unis peut achever une région. Dans les Ardennes la situation est déjà catastrophique. Pourtant, sur fond de campagne électorale, les promesses du gouvernement avaient amené un peu d'espoir, un ministre emmenant Arcelor Mittal dans ses valises. Mais le néo-géant de la métallurgie s'est contenté de promesses de soutien à divers projets, promesses restées pieuses. La ville de Revin est le symbole de cette souffrance ardennaise. A l'entrée de la calme et belle vallée de la Meuse, Revin vit la fin d'un cycle accéléré par les contributeurs des fonds de placement américains. Ses habitants, touchés à 17 % par le chômage sont en train d'assister, impuissants, à la fin de la fonderie Porcher. " C'est la seule fonderie de ce type au niveau mondial. Tous les procédés sont automatisés ; c'est le top du top ", réagit avec passion Franck Boulva, délégué syndical CFTC. Cet argument n'est pas valable pour le fonds de placement American Standard. Depuis 1993 et son acquisition de Porcher, plus de 2 700 emplois ont été supprimés. Sur les 256 restants, 63 sont à nouveau menacés. " II n'y a plus de jus dans le citron, alors on jette le citron ", fulmine Franck Boulva qui regrette des choix commerciaux suicidaires : " la céramique est préférée à la fonte. Les marchés américains et asiatiques ne sont même pas prospectés ". Le délégué fera tout pour prouver la viabilité de la fonderie. " On veut sauver nos emplois. Si on ne peut pas, on essaiera d'obtenir les meilleures indemnités possibles. " Une journée de mobilisation a réuni les syndicats et leurs structures locales le 27 février dernier autour d'un mot d'ordre : la survie de la région. Un vrai défi !