Points de vue sur l'actualité

Alcatel-Lucent : Fusion instable

Une fusion ne peut se faire sans casse. Le 2 avril 2006, lorsqu'Alcatel et Lucent officialisaient leur mariage, les dirigeants, ravis, annonçaient aux actionnaires, ravis aussi, un réajustement : 10 % de postes supprimés, soit 8 800 emplois dans le monde. Cependant, depuis cette date, les actionnaires déchantent. Les résultats sont en deçà des prévisions. Qu'à cela ne tienne pour la direction, il faut agir. " Comme toujours, dans la logique de la direction, la réduction des coûts induit des suppressions d'emplois. C'est la seule variable d'ajustement qu'elle connaisse ", déplore amèrement Pierre Boucher. Le délégué syndical central de la CFTC résume la situation ainsi : " la direction a décidé de transformer la fusion entre Alcatel et Lucent en cauchemar ! ". Depuis la crise de la bulle Internet au début des années 2000, Alcatel avait retrouvé l'équilibre, le dynamisme et la profitabilité. Quelque 65 000 salariés en avaient fait les frais. Aujourd'hui, 12 500 suppressions d'emplois dont 1 468 en France ont été annoncées. Pour Pierre Boucher, ces coupes drastiques " amputent le groupe de sa capacité à faire face à ses échéances technologiques, à tenir ses délais et donc pénalisent son essor. Loin de servir les intérêts des salariés, cet alignement systématique et aveugle sur les seuls critères boursiers et financiers nous conduit droit dans le mur. Il ne sert à rien de vouloir être un leader mondial des télécommunications si la conséquence première doit être des cortèges de licenciements et des bassins d'emplois ravagés. "