Points de vue sur l'actualité

Michelin gomme ses salariés

La guerre en Irak fait le malheur des uns et le bonheur de Michelin. L'armée américaine a signé en janvier 2007 plusieurs contrats historiques avec le manufacturier automobile et aéronautique portant sur plusieurs milliards de dollars. C'est dans ce contexte que l'entreprise clermontoise a publié ses résultats 2006. Le 16 février dernier, Michelin annonçait des bénéfices moins importants que l'an passé mais suffisamment bons pour provoquer une envolée de l'action : + 5,6 %, atteignant des niveaux inégalés. Pourtant, dans le même temps, la direction annonçait des suppressions de postes à des niveaux, là aussi, records : 20 000 au niveau mondial d'ici à 2010, dont 10 000 en Europe. En France, le site de Bourges perdra 365 salariés d'ici fin 2008 après que celui de Poitiers eut fermé en 2006, laissant 111 personnes sur le carreau. " Les suppressions de poste dans le groupe et la politique salariale de l'entreprise permettent une augmentation conséquente des dividendes versées aux actionnaires ", analyse Olivier Malnou, un brin cynique. Le délégué syndical central CFTC de Michelin critique une présentation tronquée de la situation financière du groupe au bibendum. " Déjà l'an passé, les salariés n'ont pas bénéficié de la participation aux bénéfices car les comptes ont été impactés par la cession de l'usine de Troyes. C'est au mépris de l'emploi et du pouvoir d'achat des salariés que l'entreprise réalise ses bénéfices. " Et de conclure : " Quel dispositif la direction a-t-elle mis au point en 2007 pour une fois de plus spolier les salariés ?"