Points de vue sur l'actualité

Tous travailleurs pauvres ou Smicards ?

Le Smic n'est pas le montant d'un salaire pour un travail donné, mais le calcul du revenu minimum requis pour vivre tout simplement.

Ce début d'année met en exergue les difficultés de plus en plus grandes de nos concitoyens à joindre les deux bouts, même lorsqu'ils ont un travail. Dans ces conditions, il est permis de s'étonner que le Smic soit remis en cause par les uns et les autres avec une telle constance. Ainsi le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) estime-t-il que les hausses du Smic ont indirectement des effets défavorables aux salariés, en augmentant le coût du travail. Dans de tels débats, comme dans les réactions au quotidien de nombre de patrons, on perd de vue une réalité toute simple : le Smic n'est pas le montant d'un salaire pour un travail donné, mais le calcul du revenu minimum requis pour vivre tout simplement. On le voit bien aujourd'hui : lorsque des personnes qui travaillent ne touchent pas ce minimum, comme c'est devenu le cas pour de nombreux travailleurs précaires, les difficultés se multiplient : elles n'arrivent plus à se loger et à supporter les dépenses incontournables qui pèsent sur tout un chacun. Par ailleurs, le Smic concerne aujourd'hui de plus en plus de catégories salariales, ce qui était loin d'être la situation au départ, et encore moins l'objectif. Quel meilleur signe avons-nous de la paupérisation de notre société ? Enfin, la CFTC a été l'une des premières à le dire : l'indice Insee sur lequel se base le Smic a une fâcheuse tendance à décrocher de la réalité, alors que les dépenses des ménages ont beaucoup évolué ces dernières années. Il devient de plus en plus urgent de revoir ce qu'il y a vraiment dans le caddie des ménages, sans quoi de plus en plus de personnes considérées aujourd'hui comme appartenant aux classes moyennes viendront grossir le rang d'une des classes sociales qui progresse le plus après celle des travailleurs pauvres : les Smicards.