Points de vue sur l'actualité

Timken : à l'est, du nouveau

Timken Europe est enfin condamné, et à travers elle, toutes les entreprises qui usent et abusent de l'intérim. C'est une première juridique qui pourra profiter à tous les intérimaires. En 2004, la CFTC, lasse de voir l'entreprise de métallurgie employer 30 à 60% de personnel en intérim, attaquait Timken aux prud'hommes. Le recours abusif au travail temporaire étant difficile à prouver, Sébastien Châtain, délégué syndical CFTC, son équipe et leur avocat, jouèrent sur les accessoires de salaire. La plainte porta donc sur les tickets restaurants, distribués aux seuls salariés, ce que le conseil des prud'hommes de Strasbourg jugea discriminatoire en mars 2005. Un an et demi plus tard, le 29 novembre 2006, le président de la Cour de Cassation rendait un arrêt de principe validant la décision prud'homale (Cass. Soc. 29/11/06 n° 05-42853). " La Cour de Cassation a considéré que les tickets restaurant sont de la rémunération et qu'il est discriminatoire de ne pas l'octroyer au personnel intérimaire ", s'est alors réjouit Sébastien Chatain. Désormais, Timken Europe devra octroyer aux travailleurs intérimaires les mêmes conditions de rémunération qu'aux salariés. Mieux, précise le délégué syndical CFTC, " la décision a un effet rétroactif sur cinq ans ; cela veut dire que n'importe quel intérimaire qui a travaillé ces cinq dernières années, ne serait-ce que trois jours, dans une entreprise où les salariés bénéficiaient de tickets restaurant, peut aller les réclamer ! " D'ici à espérer que les employeurs seront moins intéressés par le recours à l'intérim, il n'y a qu'un pas que Sébastien Chatain souhaiterait vite franchir.