Points de vue sur l'actualité

Pour un projet industriel abouti et d'envergure

La décision du Tribunal de grande instance de Paris, le 21 novembre dernier, confirmée par la Cour d'Appel marque un coup d'arrêt au projet de fusion entre Gaz de France et Suez. La justice française a, en effet, ordonné le report du conseil d'administration de Gaz de France prévu le lendemain. Une décision qui pourrait fortement compromettre le calendrier de la fusion, sinon la fusion elle-même. Gaz de France et Suez envisageaient depuis le feu vert de la commission européenne, une semaine plus tôt, le 14 novembre, de boucler leur projet de mariage d'ici à la fin de l'année. Le 15 novembre, le Comité d'entreprise européen (CEE) avait déposé une requête en référé estimant ne pas bénéficier de suffisamment d'informations sur l'impact social du projet de fusion. En conséquence, le juge des référés interdit à Gaz de France " de prendre toute décision relative au projet de fusion Gaz de France-Suez tant que le CEE n'aura pas donné son avis sur ledit projet. " La CFTC s'est félicitée d'une telle décision qui fait respecter les prérogatives d'une instance représentative du personnel à l'échelon européen. Au regard de ces prérogatives, la délégation CFTC au CEE a estimé qu'elle ne disposait pas suffisamment d'éléments pour apprécier les conséquences de la fusion sur l'emploi au sein du groupe Gaz de France et dans ses filiales françaises et étrangères. Elle a également déploré un manque de visibilité sur la politique industrielle et sur les orientations stratégiques du nouveau groupe. Pour la CFTC cette décision de justice est de nature à remettre en question ce projet de fusion qui de toutes les manières sera sine die reporté en 2007. Et sa finalisation début 2007 paraît difficile compte tenu du contexte de l'élection présidentielle.

Pour mémoire. La CFTC, comme elle l'a déjà affirmé, n'est pas, sur le principe, opposée à révolution des entreprises de l'énergie. Mais l'énergie n'est pas une " marchandise " comme les autres, la présence de l'Etat y est fondamentale au moins pour 51% du capital ; elle appelle, de plus, à une réflexion stratégique d'envergure internationale : il en va de l'autonomie énergétique de notre pays. Il s'agit donc de construire une politique de l'énergie à l'échelle européenne cohérente afin de disposer des meilleurs atouts et de peser dans le puzzle gazier mondial. Cette politique ne peut être réduite au seul jeu des entreprises du secteur. Le dernier acte, celui de la libéralisation totale du marché européen au 1er juillet 2007, doit être négocié dans les meilleures conditions. C'est le gage de la préservation des intérêts des salariés, des consommateurs et de la nation. Nous réussirons si, et seulement si, les Etats membres, de manière concertée, parviennent à dessiner un paysage énergétique européen clair. Les entreprises, elles, pourront mieux préparer leurs approches globales (commerciale, financière, distribution, relation client, facturation, ressources humaines...). Ce sera, alors, et seulement à ce moment précis, le temps du jeu des alliances et des fusions.

Dernière minute. " Aujourd'hui, notre souhait est d'aboutir dès le mois de février ", a déclaré le président de Gaz de France, Jean-François CIRELLI au quotidien Les Echos le 23 novembre, pour sa première déclaration suite à la décision de justice. Suez lui reprochant " de ne pas avoir agi avec assez de diligence " a t-on lu dans la presse. De son côté, le gouvernement, par la voix de son porte-parole Jean-François Copé, " attend de Gaz de France et de son président qu'ils soumettent sans délai à ses instances de gouvernance le calendrier "