Points de vue sur l'actualité

Encore du chemin à parcourir

Le conseil d'État a annulé le 18 octobre dernier pour vice de forme le décret de mars 2005 sur le temps de travail dans les entreprises de transport routier de marchandises. Celui-ci transposait en droit français une directive européenne libéralisant la durée du travail. Arrivée en pleine négociation annuelle sur les salaires, cette décision a été très bien accueillie par la CFTC qui avait été initiatrice de ce recours. " Nous avons gagné une première bataille, sur la forme, mais il nous reste à nous battre sur le fond" se réjouit Thierry Douine, vice-président de la fédération générale CFTC des transports. Alors que les salaires sont gelés depuis 2002 (la CFTC réclame une augmentation de 8 % en comptant les arriérés), le décret de mars 2005 augmentait le nombre d'heures de travail payées, sans majorations et sans repos compensatoire. Cela représentait pour les routiers une perte de 8 à 10 jours de repos. Or, une clause de la directive suscitée interdit de dégrader les conditions de travail dans les pays membres. " Désormais, insiste Thierry Douine, le gouvernement doit nous écouter. Il nous avait imposé ce décret et n'avait consulté que les organisations patronales. Nous savons que le secteur est en crise à cause de la hausse du pétrole et de la concurrence des pays de l'Est. Nous ne sommes pas irresponsables et sommes donc prêts à négocier. " Qui dit négociation dit " gagnant-gagnant ". La CFTC refusera toute décision qui fera la part belle aux seuls patrons. " Nous sommes prêts à aller jusqu'au blocage des dépôts de marchandise en France ", prévient Thierry Douine.