Points de vue sur l'actualité

Faut-il aimer son entreprise ?

C'est cette semaine prochaine qu'aura lieu aux États-unis comme en France le boss's day, littéralement " le jour du patron ". Une tradition américaine, importée par le Medef il y a quatre ans, qui invite les salariés à célébrer la fête de l'entreprise chaque troisième jeudi du mois d'octobre. Outre-atlantique, il est de bon ton de saluer son patron comme on le ferait pour l'anniversaire d'un collègue. Employés et cadres doivent ainsi manifester leur attachement à leur employeur. Or si les salariés aiment leur travail, ils n'apprécient pas forcément leur entreprise ou leur patron. La relation affective entre le salarié et le patron tend à disparaître et l'entreprise est appréciée en tant que lieu de vie et non en tant que valeur. Pour la CFTC, " les licenciements collectifs, les restructurations, les fusions, les délocalisations ont participé à la construction d'une image négative de l'entreprise qui se révèle incapable d'instaurer une dynamique vertueuse de l'économie. " Dans un ouvrage paru le mois dernier, le consultant Hubert Landier rappelle que " les salariés rejettent les changements imposés d'en haut au service d'intérêts financiers ". Et mesure un " divorce entre les Français et l'entreprise " notamment par le " développement des comportements d'évitements, de fuite, d'absentéisme moral " (1). Pour la CFTC, le travail n'est plus un apport de richesse, mais est considéré comme une charge, voire une " surcharge " à payer qu'il faut réduire. La réhabilitation de l'entreprise passe alors par la reconnaissance de la valeur du travail mais aussi de la place des hommes dans l'entreprise, par l'instauration d'un dialogue social constructif et d'une participation. Que fera votre entreprise le 19 octobre ? " Décréter la fête est vain si on n'intègre pas son but dans le mode de gestion journalier ", indique un spécialiste du stress professionnel. Une façon de renvoyer la balle dans le camp des managers.