Points de vue sur l'actualité

La CFTC fustige les promos de la rentrée

Article paru dans l'Humanité, 6 septembre 2006.

Syndicat. Le président de la centrale chrétienne évoque une « rentrée à risque » et revendique de s’inviter dans le débat électoral.

« On nous dit souvent que la CFTC tient des propos durs en ce moment. Eh bien, je confirme car les réformes touchent à l’essentiel à la personne. Rien ne nous pousse à l’optimisme. Les attentes sont pressantes. C’est une rentrée à risque. » Lors de la conférence de presse de rentrée de la CFTC hier, Jacques Voisin, président du syndicat, a fustigé les « promos de la rentrée » que constituent selon lui les annonces gouvernementales sur l’emploi et les cotisations sociales. À quoi servent les « bons indicateurs économiques si 75 % des Français éprouvent un sentiment d’injustice », a-t-il averti, avant d’évoquer une redistribution des richesses produites favorable à un « juste salaire ».

Comme d’autres syndicats, la CFTC s’inquiète de la « course aux résultats », qui déshumanise l’emploi au profit des chiffres. Le gouvernement en parle comme « des promos de la rentrée, en vendant des emplois pas chers aux entreprises », a-t-il dénoncé avant de rappeler que plus de 70 % des postes créés sont précaires. Dans ce cadre, il juge « pas acceptable » les nouvelles annonces concernant les exonérations de cotisations patronales pour les emplois payés au SMIC dans les petites entreprises. « Demain, tout le monde sera payé au SMIC », a ironisé le président du syndicat chrétien, rappelant que ce que l’on appelle communément des « charges », n’en sont pas. « Il faut redonner du sens aux choses. Il s’agit de contributions patronales à la solidarité nationale. » D’ailleurs, le syndicat appelle à discuter des 24 milliards d’euros d’exonérations de cotisations patronales inscrites au budget 2006, qui « pourraient être utilisées pour consolider la croissance ».

La CFTC, comme d’autres, n’a pas l’intention de sonner le repli à l’heure où s’ouvre la confrontation électorale. Au contraire : « les salariés et les syndicats vont s’inviter dans le débat et ne pas se satisfaire de déclarations d’intentions », a assuré Jacques Voisin, énonçant tous les programmes qui promettent de sécuriser l’emploi. « Pourquoi attendre ? » s’est-il étonné, « il n’y a qu’à construire ». Et la CFTC de rappeler qu’elle met à disposition de qui veut l’idée d’instaurer un « nouveau statut du travailleur », qui est « un beau projet de société », selon Jacky Dintinger, secrétaire général. Elle est, elle aussi engagée dans une série de rencontres avec les partis politiques, voire certains candidats ou futur candidat. Sans appeler à voter pour tel ou tel, la CFTC fait savoir qu’elle va rendre compte de ces rencontres à ses syndiqués et éplucher les programmes. « Nous, nous considérons qu’il vaut mieux faire, plutôt que de brasser des mots », a insisté Jacques Voisin. Pour passer aux travaux pratiques « tout de suite » sur le nouveau statut du travailleur, la confédération organise mi octobre une rencontre nationale de deux jours à Tours.

Paule Masson.