Points de vue sur l'actualité

CNE : un chiffre peut en cacher un autre

Régulièrement, on lit dans les médias que les contrats nouvelles embauches (CNE) concernent une embauche sur dix dans les petites entreprises (celles de moins de 20 salariés, c'est-à-dire celles qui peuvent souscrire à un CNE). Or, si l'on regarde de plus près, la réalité est tout autre.

Une grande partie de ces CNE remplacent en fait d'autres contrats (CDI ou CDD), selon les données (*) publiées par la Dares et l'Acoss. Sur six mois, environ 10 % des CNE conclus entre octobre 2005 et mars 2006 correspondent à de véritables créations d'emplois. Mais si l'on écarte les CDD très courts (de moins d'un moins), ce ne sont pas 10 %, mais 20 % des embauches qui sont réalisées en CNE. Ce qui correspond à un cinquième des embauches. De plus, la probabilité de rupture au bout de six mois du CNE est de 30 %, contre 20 % pour les CDI. Le CNE représente donc un facteur supplémentaire de précarité, inutile puisque plus de 70 % des employeurs auraient de toute façon embauché à la même période. Et dans 44 % des cas, cela aurait été en CDI. Les employeurs des petites entreprises sont également fortement incités à signer des CNE car c'est bien souvent le premier contrat proposé par les services de l'emploi. Dans ces conditions, pourquoi servir des emplois précaires sur un plateau à des employeurs qui ne les réclament pas ?

(*) Données Dares et Acoss, Premières informations, premières synthèses, juin 2006, n° 25.4