Points de vue sur l'actualité

SMIC : 1 254,28 euros bruts mensuels

La revalorisation de 3,05% du Smic (intégrant un coup de pouce gouvernemental de 0,25%) portera le montant du salaire minimum à 986 euros nets par mois au 1er juillet (Smic horaire : 8,27 euros bruts, soit 1 254,28 euros bruts mensuels pour 35 heures). Lors de la Commission nationale de la négociation collective du 26 juin dernier, qui est consultée avant la décision gouvernementale de revalorisation annuelle du Smic, Gabrielle Simon, secrétaire générale adjointe, a tenu le discours qui suit (nous en publions l'intégralité).

" Le Smic concerne un nombre toujours croissant de salariés. Quelque 16,8% des salariés sont désormais rémunérés au Smic, ce qui représente un total de 2,5 millions de personnes. Lorsque l'on évoque le Smic, nous devons toujours garder à l'esprit qu'il a été institué pour assurer aux salariés dont les rémunérations sont les plus faibles la garantie de leur pouvoir d'achat, et une participation au développement économique. Ces objectifs contenus dans le Code du travail (Article L.141-2) font du Smic un véritable rempart contre le risque de tomber dans la pauvreté, risque accru ces dernières années du fait de la précarisation du marché du travail.

En revanche, en ce qui concerne le maintien du pouvoir d'achat des salariés rémunérés au Smic, il n'a pas été garanti, étant donné les fortes hausses des principaux postes de dépense des Français. Ainsi, le prix du logement s'est accru de 50% (*) en 5 ans, le prix du gaz de 13%, celui des services de 3%. Cette revalorisation, qui correspond au minimum défini par la loi, intervient après trois années de suspension. Nous souhaiterions, et cela correspond à une demande déjà formulée, un niveau de Smic au moins équivalent à la valeur du demi-plafond de la sécurité sociale, soit 1 295 euros mensuels, à la place des 1 218 euros actuels, et des 1 253 euros prévus pour juillet 2006. Lorsque l'on évoque la question des évolutions salariales, il est impossible de s'en tenir à la seule évolution du Smic. Certes, le Smic exerce une influence sur le niveau général des salaires, mais il n'entraîne pas nécessairement un accroissement généralisé de l'éventail des salaires. Etant donnée la stagnation, voire la diminution du pouvoir d'achat des salariés constatée sur plusieurs années consécutives, il nous semble urgent de mener une vraie réflexion sur les salaires, qui comprenne la question des salaires inférieurs au Smic, mais aussi celle de la généralisation des salaires situés à un niveau proche du Smic. Il convient aussi d'entreprendre une analyse de fond sur les dégâts sociaux importants causés par des années de modération salariale. Les politiques d'austérité salariale ont eu pour résultat de provoquer un véritable écrasement de la hiérarchie des rémunérations. C'est ainsi que le nombre de smicards a augmenté de près de 50 % en l'espace de cinq ans. "

(*) L'indice Insee ne tient malheureusement pas compte des structures de consommation des ménages en fonction de leur niveau de revenu. L'un des exemples les plus frappants de cette incapacité à refléter la réalité économique concerne les loyers qui interviennent à hauteur de 6,1 % dans le calcul de l'indice des prix 2005, alors qu'ils représentent souvent de 30 à 50% du budget d'un salarié payé au Smic.

Pour mémoire :Les dispositions du Code du travail relatives à la fixation du salaire minimum de croissance (Smic) ont pour objet d'assurer aux salariés dont les rémunérations sont les plus faibles la garantie de leur pouvoir d'achat et une participation au développement économique de la Nation. Elles prévoient que, chaque année, le taux du Smic est fixé au 1er juillet après avis de la Commission nationale de la négociation collective.