Points de vue sur l'actualité" Identifier " pour mieux " intégrer " !Depuis une dizaine d'années, les démographes se penchent sur la question de l'intégration de tous. Ils pointent une des nouvelles faiblesses du " modèle social français " pour éclairer ce qui est sans doute une des plus grandes injustices sociales : les discriminations à l'embauche. L'Institut national d'études démographique (Ined) a conduit une enquête expérimentale auprès de salariés, constatant que " française ou étrangère, une partie de la population résidant en France est exposée à des discriminations liées à ses origines " (*). On sait déjà qu'à diplôme et origine sociale comparables, les descendants d'immigrés ont moins de chance de trouver un emploi que les jeunes d'origine française. Mais l'Ined relève que " les traits apparents comme la couleur de la peau contribuent également à conditionner les traitements défavorables ". Or, lutter contre les inégalités liées aux origines implique de les mesurer. Mais faut-il établir une statistique de la diversité sociale et créer ainsi des " communautés " ? La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) met en garde contre tout ce qui " nourrit une logique de séparation des communautés ". Aujourd'hui, la statistique nationale compte les immigrés, que l'Insee définit comme " personnes nées étrangères à l'étranger et résidant en France ". Le pays de naissance et non la nationalité à la naissance définit l'origine géographique des immigrés, distingués des populations étrangères (des étrangers sont nés en France). Dans son étude, l'Ined conclut que " si le principe d'une déclaration des origines géographiques familiale et individuelle ne rencontre pas d'opposition, l'identification " ethno-raciale " suscite le malaise chez beaucoup. " Si les salariés interrogés sont " favorables à une statistique des origines à des fins de connaissance, ils restent vigilants quant à son utilisation " dans les fichiers de gestion des entreprises ou des administrations. La mise en oeuvre de la " discrimination positive " doit être très encadrée. (*) Ined, Comment décrire la diversité des origines en France ?, Population & sociétés n" 425, juillet-août 2006. |