Points de vue sur l'actualitéSalaires de patrons : il y a vraiment un malaiseOn aimerait savoir à quoi correspondent de telles rémunérations. Au jeu du marché mondial des managers ? Ces derniers jours, une délégation de la CFTC rencontrait la présidente du Medef entourée de son équipe. Nous lui avons dit la nécessité de reprendre la main sur les dossiers les plus urgents et à ouvrir de nouvelles négociations, pour donner du patronat français une autre image que celle, désastreuse, que viennent de nous donner quelques-uns de ses représentants. Car voir, à quelques jours d'intervalle, écarter un grand patron pour cause de rémunération excessive et un autre mis sur la sellette pour avoir vendu ses stock-options juste avant la chute de ses actions en Bourse - chute qu'il était évidemment le mieux placé pour prévoir - cela fait vraiment beaucoup. Nous nous garderons bien de pratiquer l'amalgame et de penser que tous les patrons, notamment ceux des PME, agissent ainsi. Mais le malaise que nous donnent certains patrons du CAC 40 est tout de même récurrent. On aimerait savoir à quoi correspondent de telles rémunérations. Au jeu du marché mondial des managers ? Il est vrai que les salaires des patrons américains étaient naguère très au-dessus des patrons français. Mais cet écart a bel et bien fondu grâce aux efforts déployés par les dirigeants français. Et, de toutes façons, tout le monde sait bien que la sélection par un grand patron de son successeur fonctionne en France sur le mode du choix personnel bien plus que de la concurrence mondiale. Faut-il alors intéresser davantage les décideurs à la prospérité de l'entreprise ? Oui, mais dans de justes proportions, au-delà desquelles la " compétence " des dirigeants n'a plus aucun lien avec leur rémunération. De toutes façons, ces justes proportions sont dans le premier exemple dépassées, et c'est tout le problème. Le Centre des Jeunes Dirigeants ne vient-il pas d'ailleurs de conclure son Congrès sur des travaux soulignant la nécessité de mieux partager les richesses entre l'entreprise, l'actionnaire et le salarié ? Avouons qu'il y a urgence. |