Points de vue sur l'actualité

Un emploi, mais à quel prix ?

Pour accéder à un emploi stable, certains jeunes abaissent leurs prétentions au regard de leur diplôme et acceptent des emplois faiblement qualifiés et/ou peu rémunérés. Ils se trouvent, alors, dans une situation dite de " déclassement salarial ", dans la mesure où plus de la moitié des titulaires du diplôme immédiatement inférieur au leur bénéficient d'un meilleur salaire. Plus d'un bachelier, ou diplômé de l'enseignement supérieur, sur dix (soit 18%), en 2001, a connu cette situation au cours des trois années consécutives à la fin de ses études, selon une étude* publiée ce mois-ci par l'Insee (In Economie et Statistique, n° 388-389, juin 2006). " Ils sont 14% à subir un déclassement salarial durable pendant au moins deux ans et 7 % débutent immédiatement de cette manière après la fin de leurs études, avant d'accéder plus ou moins rapidement à un emploi non déclassé ", révèle l'étude. Plusieurs populations sont particulièrement confrontées à ce phénomène. Les femmes surtout : 30% d'entre elles occupent un emploi déclassé, contre 14% pour les hommes. Mais aussi, note l'étude, les enfants d'ouvriers, les employés et certains diplômés de l'enseignement supérieur, notamment les titulaires du baccalauréat et d'un bac + 3 ou 4. L'étude va plus loin et montre que " le déclassement salarial constitue parfois, aussi, l'issue de parcours marqués par le chômage ou la précarité : 3% de ces jeunes ont accepté un emploi déclassé après une période significative de chômage. " Dans le même temps, pourtant, " 5 % ont accepté un emploi déclassé après avoir occupé un emploi non déclassé. " Les auteurs en déduisent que " leur situation semble s'expliquer par le souci de réduire, au prix d'un moindre salaire, les incertitudes sur la durée du contrat et ils dressent un bilan plutôt positif de leur parcours. "

C'est dit :" Le projet du Statut du travailleur porte des pistes de solutions pour les jeunes afin de sécuriser l'ensemble de leur parcours professionnel et leur parcours de vie, met en parallèle Gabrielle Simon, secrétaire générale adjointe. Et ce afin qu'ils n'aient plus ce choix inacceptable à faire entre chômage, contrats précaires et bas salaire. "

Parcours des jeunes à la sortie du système éducatif et déclassement salarial. Emmanuelle Nauze-Fichet, Magda Tomasini, 2005.