Points de vue sur l'actualité

A propos de Michelin

Lorsque, en négociation de branche, nous nous retrouvions entre partenaires sociaux, nous étions toujours frappés de constater la fierté de ceux qui venaient de l'entreprise clermontoise.

Le patron de Michelin n'avait vraiment pas besoin d'une mort tragique pour faire entrer son groupe dans la légende. Des souvenirs me reviennent de l'époque où je travaillais moi-même pour la " concurrence ". Lorsque, en négociation de branche, nous nous retrouvions entre partenaires sociaux, nous étions toujours frappés de constater la fierté de ceux qui venaient de l'entreprise clermontoise. Et cette fierté, nous en connaissions la raison : de toutes les entreprises du CAC 40, Michelin n'est-elle pas la seule à avoir encore son siège social en province ? Certes, Edouard Michelin incarnait l'ouverture du groupe à la mondialisation, et ce, dans un univers particulièrement concurrentiel, confronté à la pression des pays à bas coût de main-d'oeuvre et malmené par les hausses des matières premières. Certes, quelques mois après sa nomination, il annonçait dans une même déclaration une progression spectaculaire de 20% des bénéfices et la suppression de 7 500 emplois en France et en Europe. L'événement avait provoqué un tel tollé qu'il avait ensuite inspiré, dans la loi de modernisation sociale, le fameux " amendement Michelin " soumettant toute procédure de plan social à la mise en place préalable d'une réduction du temps de travail. Mais la vérité oblige à dire que ces suppressions se firent toutes sans licenciement. Surtout, le PDG a affiché depuis un engagement sans faille de maintenir, en l'adaptant, une solide base industrielle en France et en Europe. Son secret : un investissement massif en recherche et développement de façon à rester à la pointe de la technologie. De fait, toutes les innovations majeures dans le secteur du pneumatique viennent de chez Michelin. Et toutes les voitures de Formule 1 " chaussées " Michelin ont un point commun : elles courent devant les autres.

Tout ce que nous pouvons souhaiter désormais aux salariés de Michelin, c'est que ce cap-là soit conservé. Et aux autres, c'est qu'il fasse école.

J. DINTINGER
Secrétaire Général confédéral.