Points de vue sur l'actualité

Le moteur de l'intégration en panne

La 12ème édition de Données sociales* (Insee-Ined-CNRS) se penche particulièrement sur les questions d'emploi et d'éducation : insertion des jeunes, précarisation, retraites, démocratisation de l'enseignement, liens entre réussite scolaire et famille. On y remarque que l'origine sociale a peu d'effet sur l'emploi des jeunes, contrairement à l'origine ethnique qui accroît le risque de chômage. C'est bien le diplôme qui crée l'insertion. " Les enfants d'ouvriers diplômés du supérieur ne sont pas plus confrontés au chômage que les enfants de cadres ", même si la différence se retrouve au niveau des salaires. En revanche, les jeunes issus de l'immigration extra-européenne ont un risque bien plus élevé de rester à l'écart de l'emploi que les autres. L'ascenseur social est donc en panne pour les enfants d'immigrés. Les fils et filles de cadres d'origine étrangère ont une insertion meilleure que si leur père était ouvrier, mais leur trajectoire professionnelle reste voisine de celle des enfants d'employés français. Au bout de cinq ans, la moitié des jeunes d'origine maghrébine n'ont pas un emploi stable, alors que c'est le cas de seulement un tiers des jeunes dont le père est né en France. L'insertion des jeunes est précarisée aussi par les difficultés vécues par les parents, problèmes financiers par exemple, ou chômage prolongé d'un des parents. Tous types confondus, plus de la moitié des jeunes accèdent à un premier emploi en moins de trois mois, mais les deux tiers seulement connaissent une période continue d'emploi de plus de 18 mois durant les cinq années suivant leur formation, et ont ensuite un statut stable.

(*)Données sociales la société française, édition 2006, INSEE référence, 667 pages 37 euros