Points de vue sur l'actualité

Des injustices au militantisme syndical

Quelles sont les inégalités perçues comme " justes " et comme " injustes " dans le monde du travail ? Une note (*) de la Drees fait état d'une analyse auprès de salariés " représentatifs du monde du travail " qui montre que les raisons d'aimer son travail l'emportent largement sur celles de le détester. La majorité des travailleurs trouvent de l'intérêt à leur travail, ou quelque chose qui les intéresse : la responsabilité, le métier ou les relations humaines qui s'y développent. Mais le monde du travail apparaît injuste à cause des inégalités " de castes " (les distances sociales entre dirigeants et dirigés). Ce n'est pas l'inégalité sociale qui est dénoncée mais bien l'inégalité des chances pour s'élever, et ce notamment chez les femmes, les migrants et les jeunes. Les ouvriers et tous les salariés dont les conditions de travail sont les plus dures, de même ceux dont le revenu est directement indexé sur leurs performances, critiquent les inégalités " au nom du principe du mérite ". Ils expriment " un sentiment de profond déséquilibre entre les contributions et les rétributions ", notamment le favoritisme, les persécutions et les passe-droits.

C'est dit : " Les luttes syndicales jouent un rôle considérable car elles relaient bien des sentiments d'injustice, notamment quand elles dénoncent les licenciements et les fermetures d'entreprises dont on peut penser qu'elles sont viables et performantes, ou encore les licenciements abusifs, le non-respect des conventions et les salaires trop faibles ", conclut l'étude de la Drees.

* Lettre de la Mire n°9, avril 2006, « injustice, l'expérience des inégalités au travail » sous la direction de François Dubet (EHESS). Cette recherche est publiée au Seuil.