Points de vue sur l'actualité

Les Chinois paient le prix fort

L'exploitation des travailleurs, le chômage de masse, le creusement des inégalités et l'augmentation de la pauvreté : telles sont les conséquences de la libéralisation du commerce sur la société chinoise que révèle un rapport de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) du 3 avril dernier. Malgré une croissance annuelle moyenne de 9,3 % dans les années 1980 et de 10,4 % dans les années 1990, l'emploi n'a progressé que de 3 % entre 1980 et 1989, et de 1,1 % au cours de la décennie qui a suivi. Conséquence, " la Chine compte autant de chômeurs que tout le reste du monde réuni ", note ce rapport. Et le quotidien des salariés est à l'avenant : des semaines de travail de 60 à 70 heures, un salaire inférieur au salaire minimum déjà très bas de 44 dollars par mois, des conditions de travail déplorables (un tiers des travailleurs d'usines sont exposés à des niveaux dangereux de poussières ou de substances toxiques). Les travailleurs chinois n'ont pas le droit " de s'organiser collectivement, de former des syndicats indépendants et de mener des négociations collectives. " Seulement un Chinois sur sept est couvert par une assurance médicale, moins d'un sur quatre a un plan de retraite et seulement un sur seize, une assurance chômage. La CISL déplore, enfin, un nouvel accroissement de la pauvreté et des inégalités. Les efforts pour éradiquer la pauvreté, menés avec succès dans les années 1980, ont stagné à partir des années 1990 et de la libéralisation de plus en plus rapide de l'économie. 16,6 % de la population vit avec moins d'un dollar par jour et 47 %, avec moins de 2 dollars par jour.