Points de vue sur l'actualité

Les différentes approches des formes précaires de l'emploi

La défense de l'emploi stable est une préoccupation fondamentale des organisations syndicales en Europe. Comment concilier cette défense légitime de l'emploi stable et la prise en compte des formes d'emploi précaires ? Comment repérer, puis encadrer les formes précaires d'emploi ?

En France, la précarité de l'emploi se définit en fonction de la nature du contrat de travail. Certains économistes et sociologues, tel Serge Paugam, étendent la notion de précarité aux conditions de travail et à l'intégration du salarié dans l'entreprise. Pour le sociologue Robert Castel, une généralisation de la précarisation pourrait être synonyme d'une sortie progressive de la société salariale. Quoi qu'il en soit, force est de constater qu'une majorité de Français craignent pour leur avenir professionnel, alors que, dans les pays nordiques, peu de salariés semblent éprouver de telles craintes. Rappelons que ces pays bénéficient d'une culture développée du compromis social, ce qui leur a permis de mettre en place de fortes garanties collectives, dans le domaine de la protection sociale, de la formation professionnelle et de la politique active de l'emploi. En Suède par exemple, les emplois atypiques se sont certes développés, mais ils sont régulés par le cadre institutionnel et l'ampleur des négociations collectives. Le temps partiel occupe, comme au Pays-Bas, une place tout à fait importante du champ salarial. Il est ainsi impossible de comparer le temps partiel suédois, parfaitement régulé, au temps partiel britannique, entièrement dérégulé.

C'est dit : Dans certains pays, la flexibilité de l'emploi passe avant la sécurité des travailleurs : le terme de flexisécurité est alors employé. En France, la CFTC se bat pour un juste partage des fruits de la croissance et des risques encourus par les entreprises et les travailleurs. Et plutôt que de favoriser la flexisécurité, son secrétaire général, Jacky Dintinger, renverse les termes de la formule et parle de " sécuriflexibilité ", car à la CFTC on sécurise d'abord les parcours de vie professionnelle des personnes avant de se hâter de mettre en place la flexibilité.