Points de vue sur l'actualité

La logique financière implacable

Arcelor, le géant européen de l'acier est visé depuis fin janvier par un raid de Mittal Steel, le numéro un mondial. La CFTC s'en mêle, dans l'intérêt des salariés.

Quelle est la place des syndicats dans la bataille Mittal-Arcelor ? « L'intersyndicale a construit un consensus large et solide, comme c'est le cas en période de crise » explique Marie-Gilberte Canivez, secrétaire générale de la CFTC Métallurgie, ajoutant que « pour autant, nous ne sommes appelés à faire preuve de discrétion. » Dans un premier temps, ce sont les actionnaires qui sont choyés des deux cotés. Début mars, la famille Mittal, actionnaire majoritaire de Mittal Steel, envisage de renoncer au privilège qui lui attribuerait les droits de vote (deux fois supérieurs à ceux des actionnaires en cas de fusion). Arcelor, de son coté, promet à ses actionnaires une forte performance et n'exclut pas à ce titre de vendre son activité la moins rentable dans les aciers inoxydables. Parallèlement, l'offre Mittal ne convainc pas les gouvernements français, espagnol et luxembourgeois (les trois nationalités du groupe ; la Belgique, qui abrite des usines d'Arcelor, reste neutre). Pourtant, le marché de l'acier est très morcelé et la création d'entités nouvelles, d'un format productif de 100 millions de tonnes par an est en projet dans tous les groupes. Un objectif qu'Arcelor veut atteindre seul en cinq ans. « On ne peut pas discuter d'une offre dont nous n'avons pas connaissance » note malicieusement Marie-Gilberte, tout en restant en alerte : l'intersyndicale d'Arcelor va discuter avec Thierry Breton. La Fédération européenne de métallurgie, très hostile à la fusion, devrait rencontrer le 23 mars la direction de Mittal à Bruxelles.

Mittal, société de droit néerlandais, promet d'ériger un « champion européen », assure aussi qu'il «n'envisage pas de restructuration majeure » en dehors des plans déjà prévus par Arcelor et s'engage à ne pas sabrer dans les effectifs. Mais la logique financière est implacable. Derrière cette bonne volonté affichée, ce rapprochement devrait lui permettre de dégager un milliard de dollars de synergies (820 millions d'euros). «Nous défendrons le développement de l'actionnariat salarié, souligne Marie-Gilberte, c'est une question de patriotisme. social».