Points de vue sur l'actualité

Le juste partage

Les entreprises du CAC 40 réalisent leurs profits en pressurisant leurs sous-traitants qui n'ont d'autre issue que de réclamer des contrats type CNE/CPE pour pouvoir embaucher.

En ces temps où l'on parle beaucoup de précarité, il en est au moins certains pour qui nous n'avons pas de souci à nous faire : les entreprises du CAC 40, qui viennent, après deux années de hausse faramineuse de leurs bénéfices, d'engranger près de 85 milliards d'euros de bénéfices cumulés. Pourquoi reprocher à nos champions d'atteindre de telles performances ? Après tout, n'y a-t-il pas lieu d'en être fier ? Seulement voilà : ces grands groupes ne créent pas d'emplois en France et ils réussissent même à ne pas augmenter les salaires dans leurs entreprises.

Ces résultats sont d'autant plus frappants que, dans le même temps, la courbe de croissance de l'entreprise France s'enlise, elle, dans un petit 1,4%. " Nous allons chercher la croissance là où elle se trouve ", justifie l'un des dirigeants de ces fleurons. De fait, ces entreprises réalisent les trois-quarts de leur chiffre d'affaires à l'étranger. Moyennant quoi elles bénéficient de la croissance de l'économie mondiale.

Comment se fait-il que nous vivions de tels écarts : ici, la précarité, le chômage, la croissance atone et là, l'envolée des profits et de la croissance. N'y a-t-il aucun lien ? Mais si, bien sûr. Les entreprises du CAC 40 réalisent leurs profits en pressurisant leurs sous-traitants qui, après, n'ont d'autre issue que de réclamer des contrats type CNE/CPE pour pouvoir embaucher. Elles réalisent leurs profits en délocalisant sans prendre en charge les coûts sociaux de ces délocalisations. Bref : elles surfent sur une gigantesque mutation économique faisant peser tous les risques sur l'ensemble des salariés.

C'est pourquoi la CFTC ne cessera de se battre pour un juste partage des fruits de la croissance. Et plutôt que la flexisécurité, qui se traduit pour le gouvernement français par une hâte à surtout mettre en place la flexibilité, elle demande de renverser les termes de la formule. Et de favoriser une " sécuriflexibilité ".