Points de vue sur l'actualité

Pourquoi nous refusons les appels au dialogue du gouvernement

L'appel au dialogue social lancé par le Président de la République et le Premier ministre autour du CPE ne peut évidemment que nous interpeller. Nous le réclamions déjà quand nous avons rencontré le Premier ministre en novembre dernier.

C'est aussi un bon début dans le règlement du conflit qui oppose aujourd'hui les organisations syndicales et les étudiants au gouvernement. C'est reconnaître que seul le dialogue est à même d'apporter les réponses les plus appropriées aux questions posées sur l'emploi, notamment des jeunes.

Mais, attention, dialogue ne signifie, pas pour le gouvernement, négociation. C'est bien là qu'est le problème, aujourd'hui. Et c'est pour cela que nous ne répondrons pas, en l'état actuel des choses, aux appels au dialogue lancés par le chef de l'Etat, le chef du gouvernement et ses ministres.

Sur le CNE, nous avons « dialogué », c'est-à-dire que nous avons été informés des intentions du gouvernement, nous lui avons crié « danger ! » Nous lui avons dit que le CNE est une atteinte à la dignité de la personne et à ses droits fondamentaux, parce que l'entreprise n'aura pas, pendant deux ans, à justifier la rupture de contrat. Mais il n'a rien voulu entendre.

Le dialogue social doit, pour la CFTC, conduire à la négociation et cela suppose que soient réunies un certain nombre de conditions :

  • d'abord, le respect de la parole donnée et le respect de l'autre ;
  • ensuite, et peut-être surtout, le fait de poser des préalables pour que se tienne une négociation équilibrée ;
  • enfin, il faut que tout puisse être mis sur la table sans tabou.

A ce jour, ces trois conditions ne sont pas réunies.

La CFTC estime que le gouvernement ne tient pas parolelorsqu'il affirme qu'il y aura évaluation du CNE avant toute extension du dispositif, car le CPE, frère jumeau du CNE, a été décidé sans qu'aucune évaluation de celui-ci n'ait été faite. La CFTC considère que les organisations syndicales, parce qu'elles n'ont pas été associées à la négociation, ont été bafouées. Elles se doivent, en tant que corps intermédiaire, de faire remonter les préoccupations de leurs affiliés ; le Premier ministre a refusé de les voir jouer ce rôle.

La CFTC juge que la négociation ne peut débuter si le Premier ministre refuse de suspendre le dispositif CPE/CNE. Il ne peut être question de verrouiller la négociation.

On le sait, il y a deux points qui posent problème dans le CPE que l'on retrouve dans le CNE : l'énoncé des motifs de rupture du contrat, et la période d'essai de deux ans.

La proposition du Premier ministre consiste à habiller le dispositif pour en faire accepter les risques de précarité.

Si le CPE, présenté par Dominique de Villepin comme le deuxième étape de son plan d'urgence pour l'emploi, passe, c'est la porte ouverte à la troisième étape et au contrat unique qu'il ne peut être question d'accepter.