Points de vue sur l'actualité

Un capitalisme qui s'autodétruit

Pendant que la part des profits dans la valeur ajoutée s'envole, celle des salaires s'effondre.

Comme chaque année à pareille époque, voici revenir le temps des " profits indécents ". La CFTC va d'autant moins laisser passer ce moment sans rien dire que d'autres après nous commencent à dénoncer ce qu'il est convenu d'appeler désormais les " dérives du capitalisme ". C'est que de tels chiffres ne peuvent pas passer longtemps inaperçus : un milliard de profits tous les trimestres pour la Société générale, un milliard tous les deux mois pour la BNP et même un milliard par mois pour Total. Comment expliquer à nos concitoyens qui commencent à souffrir sérieusement de la hausse du prix du pétrole - nous pensons notamment aux agriculteurs alors que s'ouvre ces jours-ci le Salon de l'Agriculture - que c'est grâce à ces dérives que Total s'enrichit, en gardant bien sûr pour lui seul ces bénéfices dus à l'envolée du brut ? Pendant que la part des profits dans la valeur ajoutée s'envole, celle des salaires s'effondre. Chez Carrefour, en 2004, l'augmentation de salaires des employés s'est limitée à 1,79%, tandis que dans le même temps, le dividende des actionnaires augmentait de 27 %. Un tel écart n'a pas empêché le patron de cette entreprise de défrayer la chronique en percevant l'an passé une indemnité de départ si copieuse qu'une loi a dû être votée depuis pour limiter de telles pratiques ! Au fait, ces profits, d'où viennent-ils ? Selon les analyses les plus sérieuses, une bonne moitié provient justement de la compression des salaires et des emplois. Il est loin le temps où John Ford, pour écouler les voitures produites dans sa firme, payait bien ses salariés. Pourtant, son raisonnement vaut autant aujourd'hui qu'hier. A force de précariser l'emploi et de miner le pouvoir d'achat des salariés dans notre pays, nos majors sont en train de se priver d'un marché de consommation supplémentaire : celui de leur propre pays. C'est aussi cela que, le 7 mars prochain, nous irons dénoncer.