Points de vue sur l'actualité

Poursuivre l'action contre le CPE

Une société qui n'a rien d'autre à proposer à ses enfants court à sa perte.

Pour les uns, les manifestations du 7 février pour le retrait du contrat première embauche (CPE) n'ont pas fait le plein de manifestants et la mobilisation demeure insuffisante pour faire fléchir le Premier ministre. Pour les autres, il s'agit d'un « coup de semonce » qui devrait inviter le gouvernement à revenir sur son projet. Il est vrai que le chiffre de 150 000 à 300 000 manifestants est inférieur à ce qu'on pouvait espérer. Soulignons cependant que les jeunes étaient fortement mobilisés et que ce sont les salariés qui ont fait défaut.

Plusieurs raisons à cela. D'abord les vacances de la région parisienne. Certes Paris n'est pas toute la France, mais c'est quand même la capitale qui donne le ton. Ensuite, la multiplication, ces derniers mois, de manifestations plus ou moins réussies et qui n'ont contribué qu'à banaliser ce mode d'action. Je ne peux que regretter le maintien de la manifestation du 31 janvier et celle des fonctionnaires du 2 février. A partir du moment où une intersyndicale avait décidé d'organiser une manifestation unitaire pour exiger le retrait d'un projet qui, aujourd'hui, ne concerne que les moins de 26 ans, mais engagera, demain, l'ensemble des salariés de France, il fallait annuler toutes les autres, au nom du bien commun et sous peine de passer pour les défenseurs d'intérêts particuliers.

Enfin, un chef de gouvernement autiste, coupé des réalités et qui se révèle incapable d'écouter qui que ce soit : ni les partenaires sociaux ni ses propres ministres - Jean-Louis Borloo, pourtant ministre de l'Emploi aurait découvert l'existence du CPE en même temps que la presse. On peut également invoquer la résignation : « un CPE, c'est mieux que rien », entend-on régulièrement. Une société qui n'a rien d'autre à proposer à ses enfants court à sa perte ; à la CFTC, nous aimerions qu'on nous propose un projet plus ambitieux, fondé sur la relance de l'activité économique. Le gouvernement aurait tort de se réjouir de cette relativement faible mobilisation. L'expérience récente montre, en effet, que lorsqu'ils ne sont pas écoutés, les Français déversent leur rancoeur dans les urnes.

Aujourd'hui, il faut maintenir la pression, sinon dans la rue - nous nous réunissons ce 10 février pour envisager, ensemble, syndicats de salariés et mouvements d'étudiants, comment poursuivre l'action - du moins auprès de vos députés. Nous engageons les présidents d'Unions Départementales CFTC à rencontrer leurs parlementaires pour obtenir la suppression de la période d'essai de deux ans et à aller à la rencontre des étudiants dans la fac' : tous n'ont pas perçu les risques du CPE, notre travail est aussi de les aider à en prendre conscience.