Points de vue sur l'actualité

Recul du chômage : les jeunes vont-ils en profiter ?

Le chômage a reculé en 2005 après une année stable en 2004 ; il se situe au niveau de février 2003, soit 9,5% de la population active (126 800 demandeurs d'emplois de moins, 2 310 600 chômeurs). Cette embellie pose débat : selon l'Insee, l'emploi dans le secteur concurrentiel n'a que faiblement augmenté, avec 42 000 créations de postes sur les neuf premiers mois de 2005, tenant mal en compte : les créations (fortes selon le gouvernement) dans les PME de moins de 10 salariés, visées par le contrat nouvelles embauches (CNE), les emplois aidés des services à la personne, la relance des contrats aidés et de l'apprentissage (plan de cohésion sociale). Mais la baisse du chômage est également due aux premiers départs à la retraite de la génération du baby-boom et au durcissement du contrôle des chômeurs. Ce retournement de tendance a profité à l'ensemble des catégories de chômeurs, aussi bien les plus de 50 ans (-4,1%) que les jeunes (-5,6%). Mais il est sans doute trop tôt pour analyser les effets majeurs de ces différents éléments : les trois dernières années, les jeunes - souvent employés en contrats courts ou temporaires - ont été particulièrement touchés par la dégradation de la conjoncture entre 2002 et 2004. Toujours selon l'Insee, plus d'un quart d'entre eux ont traversé une période de chômage ou d'inactivité. Au total, si 58% ont occupé un CDI quatre trimestres de suite, ils sont également plus nombreux à connaître des trajectoires d'emploi discontinues. Les jeunes sont donc les premiers touchés par la dégradation de la conjoncture car la plupart passent par des CDD ou de l'intérim dont le recours est très sensible à l'évolution de la croissance. Si aujourd'hui le chômage baisse, les jeunes seront-ils les premiers à en bénéficier ? La mise en place d'un nouveau contrat précaire, le CPE, n'est pas un gage pour aller dans ce sens.