Points de vue sur l'actualitéLa désaffection relative des cadres pour le congé paternitéDepuis le 1er janvier 2002, les salariés (et les indépendants) peuvent bénéficier d'un congé de paternité d'une durée de onze jours (dix-huit jours en cas de naissances multiples) qui s'ajoute aux trois jours de congés accordés à tous salariés en cas de naissance. Selon une étude de novembre 2005 effectuée par la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques (Drees, dépendant du ministère de la Santé et des Solidarités), en 2003 comme en 2004, deux tiers des pères potentiellement concernés ont eu recours à ce congé (avec une moyenne de 10,8 jours). Cependant cette étude met en exergue les disparités dans la prise du congé de paternité, selon le niveau de rémunération et la catégorie socioprofessionnelle des pères. Ainsi, l'étude avance un taux de recours qui dépend fortement du niveau des revenus d'activité. En effet, la prise de ce congé entraîne dans certains cas un manque à gagner, dont l'ampleur est bien évidemment proportionnelle au niveau de rémunération. Mais là encore, la situation diffère selon le secteur : les pères qui travaillent dans le secteur public bénéficient d'une indemnisation complète même si leur salaire dépasse le plafond mensuel de la Sécurité Sociale (fixé à 2 589 euros bruts pour 2006). En revanche, dans le secteur privé et pour les indépendants, la prise du congé de paternité se traduit par un manque à gagner dès que les revenus d'activité excèdent ce plafond. En conséquence, le taux de prise de ce congé des pères actifs occupés dans le secteur privé chute de manière sensible au-delà du plafond de la Sécurité sociale. Pourtant, malgré la compensation salariale totale dans le secteur public, le taux de recours diminue également chez les salariés les mieux rémunérés, ce qui démontre que d'autres contraintes professionnelles peuvent jouer que celles directement liées au maintien de la rémunération. Cette analyse se confirme avec l'étude de la Drees effectuée selon la catégorie socioprofessionnelle des pères. En effet, c'est pour les cadres et les professions libérales que le taux de recours au congé de paternité est le plus faible, avec un écart important selon qu'il s'agit de cadres du secteur privé (43%) ou du secteur public (71%). Le fait même d'être cadre diminue ainsi de 14% la probabilité de prendre ce congé, quels que soient l'âge ou la rémunération. Cela refléterait à la fois une habitude sociale et le fait que les cadres, qui ont les horaires hebdomadaires les plus élevés, ont une implication personnelle très forte sur le plan professionnel. L'Ugica-CFTC encourage fortement les cadres à profiter de ce congé de paternité qui permet utilement de concilier vie personnelle et vie professionnelle, à l'une des époques charnière de la vie de couple |