Points de vue sur l'actualitéIl n'y a pas d'un côté le logement des salariés et de l'autre celui des plus démunisDes mots et des morts dans le journal qu'on ouvre le matin, un communiqué de Matignon " je demande immédiatement au 115 de proposer un hébergement stable et une durée minimale d'un mois pour les personnes qui sont sans toit et qui ont un contrat de travail et sont confrontées à une difficulté spécifique pour se rendre à leur travail ". Ainsi, il y a des sans domicile fixe (SDF) qui ont un travail et qui vont peut-être mourir une de ces prochaines nuits froides ? La CFTC ne découvre pas la situation, elle sait que les raisons pour ne pas trouver de logement - même si l'on dispose de quelques ressources - sont multiples. Tout d'abord le logement est trop cher. Les loyers progressent de +6% par an alors que les salaires n'augmentent que de +2%. Et la progression peut même dépasser 20% quand il s'agit d'accéder à un nouveau logement. Le taux d'effort pour les ménages modestes en région parisienne atteint 40% de leurs revenus. Ensuite le logement est rare. Il est impossible d'en trouver à proximité de Paris-centre et difficile d'effectuer une heure trente de trajet pour aller travailler. Enfin, le type de contrat de travail (en particulier l'intérim ou les CDD) ou l'origine des locataires conduisent les bailleurs à refuser des appartements. Alors, la réponse de Matignon est-elle bonne ? Il semblerait que non. La durée proposée d'un mois est beaucoup trop courte pour trouver une solution et la mesure risque de rendre les logements d'urgence encore plus saturés. Une réponse urgente à une situation urgente n'est pas une bonne manière pour traiter la question sérieusement. Alors que faire ? Les arguments de la CFTC ne varient pas. Il faut rendre le logement social plus fluide, c'est-à-dire traiter toute la chaîne du logement : celui des " classes moyennes ", celui des salariés précaires et celui des plus démunis. Il faut se demander si, face à l'immobilier forcément immobile, il est intelligent de rendre l'emploi de plus en plus fragile et mobile. Essayez donc monsieur le Premier ministre de vous déguiser en heureux bénéficiaire d'un contrat nouvelles embauches (CNE) et de chercher un logement ! Il vous faudra plus qu'un mois ! Quand le parc HLM perd un point de fluidité, c'est 40 000 logements qui ne sont pas reproposés à la location ! Il faut donc rendre au parc social sa vocation, en le rendant plus fluide. Cela ne peut se faire qu'en aidant les salariés à accéder à la propriété (c'est sans doute pourquoi l'Etat spolie le Fonds de garantie à l'accession sociale et qu'on propose une hypothétique maison à 100 000 euros, à Montereau sans doute !) ou à trouver un logement locatif privé dans des conditions acceptables (et, là, peut-être, le nouveau dispositif de Jean-Louis Borloo va dans le bon sens). Il n'y a pas d'un côté le logement des salariés et de l'autre celui des plus démunis. Ils se rejoignent, ils se suivent, ils sont étrangement et involontairement solidaires. Ce sont les technocrates et les avares qui les séparent parce qu'ils pensent ainsi, et, surtout, parce que cela coûte moins cher. |