Points de vue sur l'actualité

L'ère des travailleurs sans-abri

Après le cri d'alarme lancé depuis plusieurs années par les associations caritatives, voilà une nouvelle preuve que le travail ne met plus à l'abri de l'extrême pauvreté.

" Le froid a déjà tué cinq sans-abri ", pouvait-on lire ces jours-ci dans les colonnes de la presse. Chaque année, à pareille époque, les mêmes " unes " des journaux viennent tristement ponctuer l'annonce des premiers froids. Parmi ces personnes, tous des hommes, plusieurs ont dépassé la cinquantaine, ce qui témoigne de façon éloquente de l'exclusion qui pèse lourdement sur ceux que le monde du travail appelle " seniors ". L'un d'entre eux, travailleur précaire, est tout simplement resté, au terme d'une nuit glaciale, dans la voiture dans laquelle il dormait avec toutes ses affaires. Après le cri d'alarme lancé depuis plusieurs années par les associations caritatives, voilà une nouvelle preuve que le travail ne met plus à l'abri de l'extrême pauvreté. Après celle des travailleurs pauvres voici l'ère des travailleurs sans-abri.

Le logement est devenu dans notre pays une nouvelle urgence sociale. Cette situation donne toute son actualité à la proposition de la CFTC de mettre en place un service public de l'habitat. Que dirait-on, face au chômage, si l'ANPE n'existait pas ? Le logement mérite toute l'attention des pouvoirs publics, la coordination des acteurs, l'orientation cohérente des dépenses. Tout cela, un service public de l'habitat le rendrait davantage possible.

Le gouvernement en présentant son projet de loi pour le logement n'est pas allé aussi loin et nous le regrettons. De même, il faudrait renforcer le régime de pénalisation dans les villes qui n'ont pas les 20% de logements sociaux réglementaires. Cela permettrait aux maires qui jouent le jeu de ne pas se faire sanctionner par leurs administrés aux élections municipales suivantes. Les mieux-logés doivent aussi se comporter en citoyens.