Points de vue sur l'actualité

L'emploi des cadres face au choc démographique

Où en est-on du fameux " choc démographique ", largement repris dans l'ensemble des médias, et qui devait débuter dès cette année ? Tout paraît assez calme pour le moment mais s'explique par l'entrée en vigueur de la loi Fillon qui a bousculé les prévisions, en limitant les préretraites et en allongeant la durée d'activité. Autrement dit, l'échéance n'a été que retardée, mais les spécialistes sont formels : on entrera dans le vif du sujet dès 2007 et à l'horizon 2015 les difficultés devraient atteindre leur paroxysme.

Selon le Commissariat au plan (organisme qui a disparu ce mois), 650 000 personnes quitteront chaque année le marché du travail à partir de 2015, soit 50% de plus qu'en 1990. Et les cadres ne seront pas à l'abri du phénomène. En effet, selon Jacky Châtelain, directeur général de l'Apec : "Entre 2003 et 2015, les départs de cadres du privé devraient augmenter de 60% par an, par rapport à la période 1990-2002, soit 1 182 000 cadres en retraite d'ici à 2015. Et si on ajoute qu'entre 600 000 et 800 000 cadres de la fonction publique devraient tirer leur révérence, on imagine bien l'étendue du chambardement." Comment ce choc démographique va-t-il être absorbé ? S'oriente t'on vers une pénurie de cadres en 2015 ?

Pour tenter de répondre à ces interrogations, l'Apec s'est livrée à un exercice de prospective en tenant compte des "ressources disponibles" (jeunes diplômés et promotions internes principalement) et des besoins des entreprises. Deux hypothèses sont envisagées, selon révolution de la croissance économique.

Première hypothèse, la croissance économique est au rendez-vous avec pour corollaire une baisse du chômage et une relance de la consommation des ménages. Dans ces conditions, la demande des entreprises en personnel qualifié retrouvera une dynamique proche de celle de la fin des années 1990. Mais pour autant, les besoins seraient tels que les ressources en cadres seraient insuffisantes. En effet, si les entreprises maintiennent leurs pratiques de recrutement actuelles, on peut alors tabler sur un déficit en ressources estimé à plus de 350 000 cadres sur la période.

Seconde hypothèse, la croissance économique fait défaut : baisse du pouvoir d'achat, montée du chômage et recul de la consommation. Dans ce scénario pessimiste, l'emploi des cadres reculera de 450 000 postes entraînant ainsi un "boom" du chômage des plus qualifiés.

Selon l'Apec, la réalité devrait vraisemblablement se situer entre ces deux perspectives et donc conjuguer poches de chômage et difficultés de recrutement.