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Apprentissage à 14 ans : le oui, mais... de la CFTC

L'apprentissage à 14 ans ne doit pas être «une punition» mais demeurer une modalité d'accès à la qualification adaptée à certains jeunes. La CFTC regrette que l'on ne propose que l'apprentissage aux situations d'échec scolaire auxquelles sont confrontées les jeunes. D'autres dispositifs ont fait la preuve de leur efficacité (classes relais, écoles de la rue, écoles de la deuxième chance) permettant à plus de 50% des jeunes qui leur sont confiés de reprendre un cursus vers une insertion réussie et vers l'accès à une qualification professionnelle reconnue.

La CFTC rappelle aussi que l'accès à l'éducation jusqu'à 16 ans est un acquis social durement acquis et qu'un retour vers la situation antérieure ne peut être institué dans la précipitation sans garantie.

La CFTC souligne qu'un grand nombre de maux des jeunes dans les banlieues ne peut se soigner au sein des entreprises et exige une réelle politique de prévention dès l'entrée dans le système scolaire. Il est urgent de garantir à chaque jeune une prise en charge de ses difficultés psychiques, physiologiques (ORL, vision, orthophonie), d'apprentissage (illettrisme, apprentissage de la langue française).

Selon elle, tous les outils doivent être mobilisés pour garantir l'accès de chaque jeune à un socle minimal de connaissances indispensables à l'entrée dans un cursus vers la qualification mais aussi à lui garantir un accès régulier à la formation tout au long de sa vie professionnelle. La CFTC, syndicat responsable, n'acceptera pas d'être associée à une démarche visant à encourager des jeunes à quitter prématurément le système scolaire. En revanche, elle est favorable à une diversification du cursus scolaire adaptée aux jeunes qui rejettent le système scolaire actuel.

Il faut se souvenir qu'actuellement plus de 25% des jeunes rentrant en apprentissage rompent leur contrat avant terme principalement en raison des conditions d'accueil en entreprise mais aussi en raison de leurs lacunes en matière de savoirs et savoir être. Toutes les entreprises ne sont pas en capacité pour accueillir un jeune en difficultés ou plus simplement pour apprendre un métier à un jeune. C'est pourquoi, la CFTC souhaite que soient renforcés la formation et le contrôle des maîtres d'apprentissage. La CFTC tient à souligner les difficultés d'accès des jeunes des quartiers difficiles à l'ensemble des formations en alternance et les réticences des entreprises à les accueillir. Pour la CFTC, des actions de sensibilisation et d'information en direction et au sein des entreprises doivent se faire afin de valoriser l'accueil de ces jeunes.

La CFTC est consciente que ces jeunes en difficulté d'insertion sociale constituent une population attractive pour des entreprises en mal de main-d'œuvre peu ou mal qualifiée dans des secteurs aux emplois pénibles, mal rémunérés et offrant des conditions contractuelles précaires (CDD, Intérim) voir un environnement préjudiciable pour la santé. La CFTC poursuivra pour ces jeunes comme pour l'ensemble des salariés en France sa revendication de conditions de travail dignes et conformes au droit social français et européen. Elle rappelle que plus qu'un ouvrier, l'Etat a obligation de former un citoyen.

Enfin, l'accès à une qualification (du niveau V au niveau I) par la voie de l'apprentissage constitue désormais une opportunité comme les autres voies de formation que sont la formation en milieu scolaire, la professionnalisation Depuis plus de vingt ans, les partenaires sociaux et les différents gouvernements n'ont eu de cesse de modifier son image de «voie poubelle» dans l'inconscient collectif avec un certain succès ces dernières années. Depuis quelques mois, tout ce travail est mis à mal par les propos des différents ministres intervenant sur le sujet de l'apprentissage. Pour travailler en tant qu'artisan ou technicien, des compétences, connaissances, savoir faire et savoir être, sont nécessaires qui nécessitent au préalable l'acquisition d'une culture générale.

Communiqué du 1er décembre 2005.