Points de vue sur l'actualité

Les nouveaux enjeux du temps de travail

Plus de cinq ans après le passage aux 35 heures, la France demeure dans la moyenne européenne en matière de durée du travail, selon une enquête du Centre d'études de l'emploi (CEE) qui confirme cependant la spécificité française à concentrer l'emploi entre 25 et 49 ans. Le taux d'emploi des seniors, comme il en a été question durant la négociation, étant un des plus faibles d'Europe. La durée annuelle du travail en France est de 1453 heures, soit plus qu'en Allemagne (1 429 heures) et qu'aux Pays-Bas (1 354 heures) mais moins qu'au Royaume-Uni (1 673 heures). La durée hebdomadaire du travail dans l'Hexagone est de 38 heures contre 37,4 heures dans l'Union européenne à quinze. Ainsi, et malgré le discours patronal ambiant, " la France n'occupe pas en Europe une position aussi singulière qu'on le croit parfois ". Mais le CEE souligne que les " 35 heures légales sont loin d'être la norme universelle " et que seuls trois salariés sur cinq dans le secteur marchand sont régis par une durée collective de 35 heures, soit 20% des entreprises. Il s'agit essentiellement et sans surprise, d'entreprises de plus de vingt salariés. La réduction du temps de travail instaurée par les lois Aubry de juin 1998 et janvier 2000, a créé quelques 350 000 postes entre 1998 et 2002, et n'a " pas eu d'effets négatifs " sur l'activité des entreprises, selon une étude de l'Insee publiée en juin. Voilà qui relance la question de la durée du travail et de son aménagement, non plus seulement hebdomadaire mais dans la perspective du cycle entier de la vie professionnelle. Le développement de l'emploi des plus de 50 ans est en jeu.