Points de vue sur l'actualité

Les ambiguïtés du CNE

Le contrat nouvelles embauches (CNE) permet, pendant deux ans au maximum, aux entreprises de moins de vingt salariés de licencier sans préavis. Le gouvernement a annoncé la signature de quelque 100 000 CNE depuis son lancement en août. Pour la CFTC, le CNE précarise encore davantage l'emploi dans les PME et est moins favorable qu'un CDD. Dans un récent article, l'économiste Pierre Cahuc - auteur du rapport avec Francis Kramarz préconisant notamment la création d'un unique contrat de travail qui remplacerait les CDD et les CDI actuels - estime que si le CNE incite à l'embauche, il ne réduira pas pour autant le chômage. " Aujourd'hui, seulement un tiers des CDD sont transformés en CDI " note t-il, mais en sera-t-il pareil pour les CNE ? Rien n'est moins sûr. En outre, le CNE ne ferait sensiblement baisser le chômage que s'il ne remplaçait pas les CDD dans les PME, ce qui est difficile à mesurer. A vouloir lutter pour l'emploi, ne banalise t-on pas la précarité ? " On peut certes tenter d'attribuer des vertus à ce contrat, mais on ne peut pas ignorer le danger qu'il représente " réagit Michel Coquillion, secrétaire général adjoint de la CFTC, qui met en garde contre l'évaluation du CNE. " Le gouvernement annonce des chiffres impressionnants, mais il ne s'agit que d'une enquête d'opinion ". Pour la CFTC, le salarié assume seul le risque économique. Soumis à une telle pression, il peut être renvoyé sans en connaître les raisons. " Chaque emploi créé est certes une victoire sur le chômage mais le prix à payer en termes de dépendance et de précarité n'est-il pas disproportionné avec le résultat ?