Points de vue sur l'actualité

Une réforme tardive et trop courte

La loi du 13 août 2004 était censée s'attaquer à la question du financement sans remettre en cause le principe de l'universalité de l'assurance-maladie. Pour son soixantième anniversaire, la Sécurité sociale affiche, un an après la réforme, un déficit de 11,9 milliards d'euros en 2005. Le gouvernement table aujourd'hui sur le déremboursement de médicaments et le développement des génériques. La CFTC ne se contente pas de ces mesures, alors que la réforme, déjà négociée tardivement, est insuffisante. " Elle manque de visibilité pour le patient alors qu'elle le place au centre du dispositif " remarque Jean-Louis Deroussen, secrétaire général adjoint de la CFTC, qui rappelle son soutien à la maîtrise médicalisée du parcours de soins ainsi mieux encadré : choix du médecin traitant -" première étape indispensable pour le parcours de soins ", acceptation des génériques -" véritable source d'économies ", modération de l'emploi des antibiotiques et du recours aux arrêts de travail. Jean-Louis Deroussen, qui s'oppose à la mise en place du forfait de 18 euros - " on fragilise encore les salariés et les classes moyennes " - insiste sur la responsabilisation des acteurs. " Nous attendons un engagement fort des professionnels de santé - médecins, pharmaciens, chirurgiens...- et de l'Etat gestionnaire des hôpitaux dont les dépenses représentent la moitié de celles de la Sécu. De même, les organismes complémentaires doivent se responsabiliser. " Les syndicats ont également toute leur place à prendre. La CFTC ainsi a été la première à mettre en avant le régime local d'Alsace-Moselle : géré par les partenaires sociaux, le régime, qui fonctionne comme une caisse complémentaire obligatoire, est équilibré et solidaire. " II est grand temps de cesser les réformes à visée politique de court terme pour s'atteler à une gouvernance responsable et à la modernisation du mode de financement de la Sécurité sociale " plaide Jean-Louis Deroussen. La CFTC demande la création d'un lieu d'évaluation partagé de concertation et de prospective comme cela a été fait pour les retraites avec le Conseil d'orientation des retraites et d'appliquer à la lettre la convention médicale signée en janvier dernier afin de préserver les assurés sociaux des dérives constatées. En somme, ce sont tous les acteurs et pas seulement les assurés qui doivent agir en garant de notre système de santé.