Points de vue sur l'actualitéEmploi et VIH : les cadres mieux acceptésLe taux d'emploi des personnes séropositives de moins de 60 ans était de 56,5% en 2003, selon l'étude Vespa sur les conditions de vie des personnes atteintes par le virus, commandée par l'Agence nationale de recherche sur le Sida et dévoilée le 5 octobre dernier par l'association Sidaction. Rosemary Dray-Spira, épidémiologiste à l'Inserm et co-auteur de l'enquête, constate que " plus le niveau d'éducation est faible, plus l'écart augmente avec la population générale ". Ainsi, les personnes séropositives ayant suivi des études supérieures ont quasiment le même taux d'emploi que l'ensemble des français, alors que l'écart est de 14 points pour les malades n'ayant pas dépassé le secondaire. Les cadres atteints par le VIH sont donc mieux intégrés dans le monde du travail que les autres catégories professionnelles : leur taux d'emploi est de 75% contre 60% pour les employés et 50% pour les ouvriers. " Depuis l'amélioration des trithérapies, le taux d'emploi est quasiment le même pour les cadres séropositifs que pour les cadres en général ", remarque Rosemary Dray-Spira. Ce phénomène peut en partie s'expliquer par le fait que plus le salarié a des responsabilités, mieux il peut organiser son temps de travail en fonction de son état de santé. Cependant, Nathalie Pierret, chargée de la mission Emploi chez Sidaction, nuance cette analyse en estimant qu' " un cadre doit aussi gérer la pression du boulot et celle du secret pour se protéger de la discrimination ". Car malgré cette étude encourageante, nul ne peut nier que la discrimination envers les cadres atteints du virus, ou même d'une autre pathologie, perdure. L'Ugica milite ainsi depuis plusieurs années pour la lutte contre toutes les formes de discrimination dans l'emploi envers les cadres, comme par exemple Joël, ancien cadre dans une banque, qui ne travaille plus depuis 2000. En effet, suite à une fuite de la médecine du travail, la hiérarchie a appris la maladie de ce dernier qui a ensuite été mis à l'écart. Depuis, ce cadre a obtenu le statut de travailleur handicapé et poursuit son ex employeur en justice. |