Points de vue sur l'actualité

Le goût de l'avenir

Fâchés avec l'esprit d'entreprise, nos concitoyens ? Rien n'est moins sûr : 320 000 petites entreprises ont été créées ou reprises en 2004.

"La France au banc d'essai", "Sommes-nous en déclin ?" Les colonnes des journaux ne pèchent pas par excès d'optimisme ces temps-ci concernant notre pays. Sans parler de l'image que nous avons à Bruxelles, où certains ne nous pardonnent pas le 29 mai 2005, tandis que d'autres nous en veulent encore de ne pas avoir suivi l'ami américain dans la mésaventure irakienne. A moins que cette bouderie internationale n'ait elle-même un lien avec l'image de nous-mêmes que nous renvoie la presse hexagonale. Il est grand temps de résister à cette entreprise d'intimidation. Si l'on alignait quelques-uns des titres de gloire de notre pays, on serait sans doute surpris. Quelques exemples : avec 1,9 enfants par femme, la France arrive en 2003 au deuxième rang derrière l'Irlande. C'est à se demander comment font les femmes, qui sont aussi les plus actives d'Europe. A moins que l'explication soit justement dans l'effort national fourni en matière de politique familiale, qui permet justement aux femmes de France de cumuler travail et maternité, alors que la plupart de leurs voisines doivent choisir entre les deux. Fâchés avec l'esprit d'entreprise, nos concitoyens ? Rien n'est moins sûr : 320 000 petites entreprises ont été créées ou reprises en 2004, soit une hausse de 9% pour la seconde année consécutive. Et 66 entreprises françaises figurent parmi les 2 000 multinationales les plus influentes. Notre coût du travail serait cher à cause des cotisations sociales ? Oui mais voilà, le système de santé français est tenu pour le meilleur du monde par l'Organisation mondiale de la santé. On n'a rien sans rien. On pourrait continuer longtemps la litanie : nos autoroutes font rêver, nos TGV sont les meilleurs trains au monde, notre cinéma et notre télé s'exportent... Bref, il s'agit de résister fermement à la sinistrose ambiante. Et de retrouver, selon la belle expression d'un essayiste que nous aimons bien à la CFTC, le « goût de l'avenir. »